Salut!
Je me rends compte que ça fait un bon moment que je n'ai pas publié de message! Il y a une bonne raison à tout ça: mes cours! Je vous fait un petit récapitulatif des cours que je suis et de comment c'est, suivre des cours de maîtrise à la Catolica!
D'abord, première chose: je suis 4 cours, répartis du lundi au mercredi, et ayant lieu entre 18h30 et 22h. J'ai donc 2 cours le lundi (18h30 à 21h30), un autre le mardi (20h à 22h) et un dernier le mercredi (20h à 21h30). Vous aurez remarqué que les cours durent en moyenne 1h30-2h, ce qui est nettement moins long que chez nous! Les cours ont lieu le soir pour maximiser la présence des étudiants, étant donné qu'un nombre appréciable de gens travaillent également le jour.
Au vu et au su de ce que je viens d'énoncer, le lecteur avisé va rapidement se rendre compte que 1) je n'ai que 6h30 de cours chaque semaine, ce qui est bien loin du 12h standard du Québec, et 2) qu'une bonne part d'étudiants travaillent à temps plein en plus de faire leurs cours. La conclusion logique à laquelle on en vient est que je vais avoir une session très relaxe. Avant d'arriver ici, je pensais la même chose, et l'expérience à l'étranger de certains de mes amis de maîtrise dans une université d'Argentine semblait vouloir le confirmer. Or, il n'en n'est rien. La Catolica du Chili est la meilleure université hispanophone d'Amérique latine et elle tient à sa réputation! Ainsi, d'abord, dans chacun de mes cours, j'ai à faire une tonne de lectures qui, pour moitié d'entre eux, seront directement matière à examen. C'est malheureux mais compte tenu des travaux à faire, on comprend vite qu'à moins de ne faire que ça à temps plein, il est impossible de faire toutes ces lectures. Je me demande un jour si, en sciences humaines, les professeurs vont réaliser que ça ne sert à rien d'inonder un étudiant de lectures parce qu'aussi intéressantes soient-elles, personne ne va les lire s'il faut consacrer 2 jours entiers pour en faire le tour! Il suffirait de s'en tenir à 2-3 textes, quitte à les analyser à fond... Enfin. Ensuite, c'est surtout au niveau des évaluations que le bât blesse particulièrement. D'ici la fin de la session, j'ai:
- 3 travaux de 15 pages à faire (dont 2 en espagnol et heureusement 2 en équipe);
- 3 présentations orales (toutes en espagnol, dont une de 15 minutes);
- 6 examens take-home d'environ 10 pages chacun (dont 2 en espagnol);
- 4 examens partiels ou finaux (dont un examen oral, en espagnol naturellement);
- 2 analyses de cas à faire en équipe en classe nécessitant la production d'un résumé de 5 pages chacun.
Ajoutons à ça le fait que je travaille à temps partiel à distance comme assistant de recherche pour mon directeur d'essai à l'Université Laval et que je dois également terminer mon essai... Ah et que je travaille aussi pour le Congrès national chilien (l'équivalent de leur Assemblée nationale), ce dont je vous reparlerai plus tard! Disons que je m'attendais à être plus tranquille ici du point de vue des cours! Remarquez, j'ai choisi de venir au Chili justement parce que l'expérience de mes amis en Argentine les avait déçu d'un point de vue académique... Ils avaient beau avoir du temps libre, ils étaient mal encadrés, n'avaient qu'un travail à faire par cours qu'ils pouvaient remettre un an après la fin des cours (!) et le prof pouvait leur remettre les corrections 1 an après la remise de leurs travaux, retardant d'autant leur diplomation (!!!) : bref, le niveau était nettement inférieur à celui de mon programme à l'Université Laval (et un peu ennuyant). Je voulais avoir mieux : disons que j'ai été servi!
Cela dit, mes cours sont généralement super intéressants! Les lundi j'ai d'abord un cours d'Analyse de politique extérieure. Dans ce cours fascinant donné par un historien/politologue chilien, on passe en revue les différentes politiques étrangères des États d'Amérique du Sud (avec un focus sur l'Argentine et le Chili) de même que de certaines grandes puissances (Chine, États-Unis, Union européenne, Inde...). Bien plaisant! Ensuite, j'ai Processus économiques internationaux, avec un prof espagnole, qui passe en revue les différentes instances économiques gouvernant les relations internationales (par exemple l'OMC) et régionales (par exemple l'Union européenne, l'ASEAN, etc...). C'est un cours mélangeant droit, politique et économie et c'est très intéressant! Le mardi, j'ai un cours de théorie politique contemporaine, qui est en fait un cours sur les différentes idéologies politiques du monde. Le cours est donné par un prof... québécois! Il est très gentil et permet à ses étudiants de faire leurs travaux en espagnol, anglais et français... Disons que je vais en profiter! J'ai été plutôt surpris de voir que dans ce cours, dans le cadre des idéologies conservatrices, nous allons étudier la philosophie politique qui sous-tendait le régime de Pinochet. Ça promet d'être bien intéressant! Enfin, le mercredi, j'ai un cours de Prise de décision politique, un cours avec un sujet très intéressant: il s'agit de comprendre ce qui motive un acteur politique à prendre une décision particulière, compte tenu du contexte et des alternatives possibles. Malheureusement, le professeur qui enseigne ça est en fait un doctorant français qui n'est pas un très bon vulgarisateur et qui, manifestement, est décidément destiné à la recherche plutôt qu'à l'enseignement. Son incapacité à donner fréquemment des exemples concrets à la théorie rend le tout un peu lourd disons... Enfin, il est bien gentil tout de même. J'ai donc 2 cours donnés par des francophones... ce qui est tout de même cocasse!
En ce qui concerne la langue, pas de problème à comprendre tout ce que le prof dit! D'autant plus que, sur 4 profs, 2 n'ont pas l'espagnol comme langue maternelle (ce qui facilite ma compréhension) et une autre vient d'Espagne (et par conséquent son espagnol est facile à comprendre). Le prof chilien est définitivement celui qui me demande le plus d'attention, d'autant plus qu'il ne parle pas fort! Je vous reparlerai de l'espagnol du Chili, qui est particulier!
Voilà pour mes cours donc! Là présentement c'est le congé de Pâques mais j'ai un gros take-home à faire pour lundi, donc pas question de partir quelques jours visiter une autre ville....
Un mot sur les étudiants de maîtrise: ils sont super fins! La grande majorité d'entre eux sont Chiliens, mais il y a également des étudiants du Honduras, du Mexique, de Bolivie, de Belgique et du Brésil qui font toute leur maîtrise ici. Quant aux étudiants en échange, à la maîtrise en science po, à part moi, il n'y a qu'une autre personne, une Suédoise. Rapidement, je me suis lié d'amitié avec le petit groupe qui gravite autour d'Alexandra, la belge wallonne (et donc francophone) qui étudie ici et avec qui ça a tout de suite cliqué. Au sein de cette petite bande il y a la Mexicaine, super gentille, qui m'a adopté tout de suite et me gratifie d'un "Hola lindo!" à chaque fois que je la vois (au Québec, dire "salut mon beau" à un ami serait interprété bizarrement, mais dans le monde hispanophone c'est simplement une familiarité usuelle entre amis... tout le monde se dit ça!). Il y a aussi quelques Chiliens "de muy buena onda" (bien sympas), bref c'est plutôt agréable! Par ailleurs, je me suis aussi lié d'amitié avec le Bolivien (qui m'a d'ailleurs invité chez lui à Sucre "quand je voudrai"!) et avec Jaime, un Chilien bien sympathique qui m'a invité à manger chez lui hier (c'était une expérience en soi: il y avait lui, sa mère (plutôt âgée: elle aurait pu être sa grand-mère) et sa "nana", ou bonne/cuisinière (très commun au Chili d'avoir un domestique, au moins à temps partiel). Naturellement c'était excellent, on a mangé énormément de spécialités chiliennes, le tout à 15h comme il se doit ici. C'était bien sympa, donc!) Enfin, je suis aussi devenu ami avec Cecilia, la Suédoise, avec qui on partage nos expériences d'étudiants étrangers!
Pour finir, l'anecdote du jour: la salle Jaime Guzman. Deux de mes cours ont lieu dans cette salle de classe de la Casa central. Qui était Jaime Guzman? Avant d'entrer dans le premier cours de Théorie politique contemporaine, je n'en savais strictement rien et, très franchement, il m'importait peu que je découvre qu'il s'agisse d'un obscur professeur émérite/doyen/donateur de l'Université Catolica. Alors que nous passons en revue le plan de cours, le professeur québécois qui enseigne le cours s'arrête sur la partie consacrée à l'idéologie conservatrice dans les régimes autoritaires. Puisque nous sommes au Chili, l'exemple de la dictature de Pinochet se prête particulièrement bien à l'exercice. Le prof nous annonce donc que nous allons lire des textes sur le mouvement gremialista , idéologie politique qui sous-tendait le régime militaire d'extrême-droite de Pinochet. Or, l'auteur phare de ce mouvement n'est nul autre que... Jaime Guzman, conseiller politique de Pinochet, qui va activement soutenir le régime en nommant des sympathisants à tous les postes de l'administration publique et relativisera les grandes entorses aux droits humains (et notamment les exécutions et la torture d'opposants politiques) comme étant le "coût objectif" de toute révolution... Après la fin de la dictature, il enseignera à la Catolica mais sa position d'idéologue de la junte lui vaudra d'être assassiné après l'un de ses cours. Comme le prof nous fait remarquer, avec un brin de moquerie et d'ironie, la Catolica a choisi son camp: la salle dans laquelle nous nous trouvons porte le nom d'un des grands collaborateurs de Pinochet, et non, par exemple, celui de Salvador Allende, le président de gauche démocratiquement élu et renversé en 1973 par le régime militaire. Pour vous donner une idée, c'est un peu comme si une salle de cours en Allemagne s'appelait la salle Hermann Goering ou Heinrich Himmler! Bref, disons que c'est spécial. Ça a beau être un prof de la Catolica, disons que c'est un personnage controversé, pour être politiquement correct. Ça en dit long sur le conservatisme de mon université, traditionnellement de droite et reposant sur la moralité chrétienne! Au Chili par contre, la société reste très divisée sur la question de la dictature et Pinochet a encore des fans (et pas mal plus qu'on pense). Je vous en reparlerai!
À bientôt!!
Un blog mis à jour de temps à autre, quand j'ai un peu de temps!
vendredi 29 mars 2013
lundi 18 mars 2013
La bureaucratie
On connaît mal un pays tant qu'on n'a pas goûté à sa culture, à ses coutumes, à ses manières d'être, à sa cuisine, à sa musique ou à sa littérature. J'ajouterais à cette liste non-exhaustive: "et tant qu'on n'a pas connu non plus sa bureaucratie".
Chaque séjour à l'étranger inclut forcément un contact avec les autorités administratives locales, ne serait-ce que lors du passage des douanes. Dans mon cas, le fait que j'étudie pendant quatre mois dans une université du pays me paraissait annonciateur de nombreuses rencontres avec l'administration publique chilienne! Et, dans une certaine mesure, j'ai été servi!
D'abord, premier contact avec la bureaucratie universitaire. Objectif: m'inscrire à mes cours. Nous sommes habitués au Québec à ce que l'inscription se fasse assez rondement et rapidement par Internet, sauf cas complexes. Ici, au Chili, et même dans une université riche et assez techno comme la Catolica, ben... ça ne marche pas comme ça. À la place, chaque département a une personne ressource auprès de laquelle il faut s'inscrire individuellement. De manière concrète, pour moi, ça veut dire revirer au Campus San Joaquin situé loin du centre, aller à l'Institut de Science politique, trouver la personne en question (une certaine Nora Farfan), faire la file (parce que je ne suis pas tout seul, naturellement) et finalement m'inscrire. Comme tout bon processus bureaucratique, les choses ne vont jamais exactement aussi rondement qu'espéré! Vous vous souvenez qu'à la journée d'accueil, on m'avait conseillé d'aller voir tout de suite à l'Institut de science politique pour mon inscription étant donné que je suis au 2e cycle. Je m'exécute donc après la journée d'accueil et je prends le métro jusqu'au campus San Joaquin. Il est genre 16h45. J'aurais voulu arriver plus tôt: nous avions une pause 13h à 15h, alors je m'étais dit que ç'aurait pu être l'occasion ou jamais. Or, on a eu tôt fait de me préciser que les employés universitaires prennent leur pause dîner... de 13h30 à 15h! On oublie ça pour y aller en début d'après-midi! Bref, je traverse le campus, je cherche l'Institut de science politique. Je finis par le trouver après m'être un peu perdu... Sur place, aucune indication: j'aboutis finalement au Secrétariat de premier cycle. La dame m'indique alors que je dois sortir de l'immeuble, y re-rentrer à gauche pour accéder à un couloir puis trouver le bureau de la secrétaire aux inscriptions, à savoir la fameuse Nora Farfan. Naturellement, avec des indications aussi claires, je me perds à nouveau sur le campus! Je finis par arriver en fin de compte dans le bureau de la bonne personne. Je suis chanceux (enfin je crois): il n'y a personne. J'explique la situation à la dame: elle commence par m'expliquer que les inscriptions ne se feront pas avant demain (!!!) et qu'elle ne peut rien faire pour moi aujourd'hui. Puis, au fil de mes explications, elle semble un peu s'affoler face à ma situation et me dit que pour que mon inscription soit valide, je dois absolument aller voir le professeur responsable de l'Institut de science politique. Inquiet, je me dirige donc au 3e étage où je finis par rencontrer le sympathique et aimable prof en question, qui commence toutefois à me poser des questions bizarres. Voici un extrait du dialogue que j'ai eu avec lui:
- Donc tu es venu au Chili pour faire des cours de maîtrise en science politique?
- Euh... oui...
- D'accord, mais tu n'es pas inscrit à un programme de maîtrise?
- Pas au Chili non, je suis en échange.
- Ok, donc tu veux faire une maîtrise au Chili?
- Euh... Pas exactement... Je suis seulement en échange dans le cadre de mes études universitaires au Québec!
- Aaaaah ok, mais la Catolica ne t'a pas accepté comme étudiant?
- Non non tout est en ordre... (enfin ça devrait? C'est un peu pour ça que je viens vous voir!!)
- Ok mais il faut une autorisation spéciale pour que tu puisses suivre des cours de maîtrise étant donné que tu es au 1er cycle.
- Mais je suis au 2e cycle! Je fais une maîtrise en études internationales à l'Université Laval, je fais une session d'échange ici, la Catolica m'a accepté comme étudiant et je viens m'inscrire à mes cours! (Qu'est-ce qui est si compliqué là-dedans???)
- Aaaaaah ok je vois. Mais je vais quand même devoir t'accepter comme étudiant.
- Ah bon? (Pourquoi est-ce nécessaire, grands dieux, j'ai été accepté comme étudiant en échange par l'Université Laval et par la Catolica il y a des mois de ça!)
- Oui. C'est très simple, tu vas voir. Il faut que tu envoies un courriel à Paulina Court (la responsable des affaires internationales) avec les cours auxquels tu veux t'inscrire, elle me le transfèrera, je vais t'accepter puis je renverrai un courriel à Mme Court qui te répondra que tu peux aller t'inscrire. Ensuite, tu iras voir Nora Farfan pour qu'elle t'inscrive. Je la mettrai en cc. pour qu'elle soit au courant.
- Euh... Ok... Étant donné que je vais envoyer mes choix de cours par courriel, Paulina Court ne pourrait pas envoyer le tout à Nora Farfan pour qu'elle m'inscrive directement?
- Non. Tu dois y aller toi-même. (Sur un ton sans équivoque)
- Ah bon. (Super! Je dois donc perdre une heure demain à redire de vive voix à Mme Farfan mon choix de cours qu'elle aura déjà lu auparavant. Génial!)
Bref, heureusement que j'ai été voir tout ce beau monde, parce que je me demande bien comment j'aurais fait pour savoir que je devais envoyer un courriel pour que quelqu'un accepte pour une 2e-3e fois consécutive que je fasse des cours de maîtrise ici! Pour ceux qui voudraient connaître la suite, tout s'est bien passé. Je suis donc revenu dans le bureau de Nora Farfan, qui m'a rondement inscrit dans mes cours sur l'ordinateur après une attente de 15 minutes (pas mal). Elle m'informe que pour un de mes cours, il y a un choix de deux classes à 2 heures différentes. Elle me demande ce que je préfère, je lui dis que ça n'a pas d'importance, que me conseille-t-elle? Elle me répond de prendre la classe de 18h30 parce qu'elle est moins pleine. D'accord, va pour ça! Sur place cependant, mon prof me dit après les cours que vu mon profil, ce serait mieux que je sois dans la classe de 20h (celle des étudiants en maîtrise) et me demande candidement pourquoi j'ai choisi la classe de 18h30, qui est en fait la classe à laquelle assistent des étudiants de premier cycle ayant choisi quelques cours de maîtrise en fin de bac. Je lui dis que c'est Nora Farfan qui me l'a conseillé... Il sourit en me disant qu'elle a sûrement fait pour le mieux mais qu'elle ne connait pas les compositions des classes! Soupir... J'ai donc eu le plaisir de revoir Nora Farfan pour une quatrième fois!
Drôle de système, tout de même.
Mes contacts avec la bureaucratie chilienne ne se limitent pas à l'université. Par courriel, l'université a averti les étudiants en échange qu'ils devaient régulariser leur statut au Chili dans les 30 jours de leur arrivée au pays, sous peine d'amendes élevées. Ça implique deux choses:
- D'abord, faire enregistrer son visa d'études
- Ensuite, obtenir un carte de résident temporaire
L'enregistrement du visa, d'abord. Pourquoi faut-il faire ça? Aucune idée, franchement. Mais les voies de l'administration publique sont souvent impénétrables. Muni de mon passeport et de mes papiers de douane, je pars donc au centre-ville au Bureau de la police internationale de Santiago. Comme il n'y a pas d'heure d'ouverture sur le site Internet, j'arrive sur place à 15h, question d'éviter la pause-déjeûner. Un gardien m'accueille à l'entrée et s'informe des motifs de ma visite. Euh... je viens enregistrer mon visa? "Ah non, pas aujourd'hui, c'est fermé maintenant!" me répond-il, "c'est ouvert seulement de 8h à 14h chaque jour, reviens demain!"
Bon. Ok, alors. Whatever. Je ne peux m'empêcher de penser à ce moment-là à l'ambassade ouzbèke d'Almaty, inexplicablement fermée les mercredis, jour de notre visite!
Bureau de la police internationale, prise deux, le lendemain. J'arrive à 11h. Cette fois, c'est bien ouvert. Leurs locaux ne sont guère accueillants. C'est sale, poussiéreux et bruyant. Naturellement, l'endroit est plein à craquer de monde debout, assis, formant parfois vaguement des files se rendant à différents comptoirs. Aucune explication, naturellement. Je me mets donc candidement en file, avisant la ligne la plus proche. Quelques conversations avec des compagnons d'infortune me font réaliser que je dois d'abord prendre un numéro. Pour l'obtenir, je dois faire la file vers la caisse, où je dois débourser un certain montant pour couvrir les frais administratifs (tout service se paie au Chili capitaliste). Le brave fonctionnaire me demande mon passeport et les 800 pesos (1,50$) requis, puis me tend mon numéro. Je regarde: j'ai le numéro 530. Je jette ensuite un oeil au tableau indicateur: on sert présentement le numéro 186... Oh. Boy. Je vais moisir ici pendant une éternité, et je n'ai même pas pris de livre. Il est midi. Le caissier m'avait signalé que je pouvais aller manger ou me promener en attendant si je voulais, mais que je devais impérativement revenir avant 14h, au moment où les portes ferment. Je vais donc manger dans un fuente de sodas (un petit resto qui sert des plats typiques chiliens le midi) tout proche, je prends mon temps, et je reviens à 13h. Coup d'oeil sur le tableau indicateur: nous en sommes au numéro... 260. En une heure, seulement 80 personnes ont été servies! J'en ai encore pour des siècles!
J'avise une chaise libre et je m'y installe pour ce que je pense être un bon moment. 15 minutes plus tard, une fonctionnaire passe dans les allées en demandant s'il y a des gens qui viennent pour enregistrer leur visa! Je me lève, je lui dis que c'est mon cas, elle me dit d'aller attendre dans un bureau à part. Quelle chance! J'attends donc en compagnie de quelques personnes, puis mon tour vient. En 15 minutes, le formulaire est rempli sur l'ordinateur du fonctionnaire, au son de la musique salsa-merengue qui sort des haut-parleurs d'une radio du bureau. La fonctionnaire m'informe que je dois aller prendre une photo pour compléter mon dossier. "Va voir n'importe quel guichet, dès qu'il y en a un de libre, il vont s'occuper de toi." Facile à dire! Ils sont tous occupés depuis que je suis entré!! Je vais finalement à l'un des guichets, qui finit par me dire d'aller en voir un autre. Je me déplace, le guichet est occupé par quelqu'un qui pitonne quelque chose sur l'ordinateur... Peu de temps après, j'explique ma situation à la fonctionnaire. Elle tente de trouver mon dossier, me dit qu'il est inexistant (je viens de le faire faire il y a 20 minutes à peine!), le trouve finalement puis bogue sur la cédille dans mon nom. Elle n'arrive pas à trouver la touche "ç", demande l'aide de ses collègues. J'essaie de lui expliquer qu'elle peut se mettre en clavier français, ça ne marche pas... Je lui dis qu'elle peut l'omettre et mettre seulement un "c", que je n'en ferai pas un plat, elle me dit que c'est impossible, qu'il faut vraiment que mon nom soit bien orthographié... Bref, après 10 minutes de gossage, elle finit par trouver la bonne touche. On prend ensuite ma photo puis elle me dit que tout est correct et me tend un bout de papier avec mes informations. C'est un document officiel imprimé de travers, avec ma photo allongée. "Vous aurez besoin de ce document pour faire faire votre carte de résidence temporaire. Suivant!"
Après 3h de tramites (processus bureaucratiques), comme on dit ici, je ressors victorieux, en gardant jalousement au creux de ma main mon précieux bout de carton mal imprimé.
Naturellement, il est trop tard pour aller aujourd'hui au Bureau du registre de l'État civil. Ce n'est que partie remise, le lendemain. Heureusement, c'est tout près de chez Tirso. J'arrive sur place vers 11h. C'est ouvert (ouf!). À l'accueil, tout le monde se dirige vers un petit homme en costume qui fait office d'accueil. Je lui dis que je viens pour faire faire ma carte de résident temporaire. Il me dit que je dois faire des photocopies de mon passeport, de mon visa et du papier mal imprimé que j'ai obtenu hier au Bureau de la police internationale. Ah... Ç'aurait été bien de le savoir avant! Et je vais vais où pour les photocopies? On peut les faire ici? Non, il faut aller dehors, naturellement. Heureusement, autour du Bureau du registre de l'État civil se trouvent des commerces et rôdent des marchands ambulants qui proposent toutes sortes de services connexes à la paperasserie administrative: plastification de documents et naturellement, photocopies. Je reviens donc 10 minutes plus tard avec mes photocopies sous le bras. On m'indique que je dois faire une longue file. Cette fois, j'ai prévu un livre. Tout à coup, un fonctionnaire nous avise qu'une partie de la file (dont moi) allons passer à l'étage supérieur. Sans trop comprendre pourquoi, je monte. On me donne un numéro: seulement 20 personnes avant moi! Yé! Mon tour vient finalement: la fonctionnaire remplit des papiers puis, inévitablement, me demande de payer pour l'ouverture de mon dossier: 8$. Décidément, on paie tout le temps ici. Heureusement que j'avais assez dans mon porte-monnaie, parce qu'on ne nous avise jamais qu'il y a des coûts! Ensuite vient le moment assez cocasse de la prise des empreintes digitales. La dame m'amène à une table où se trouvent de l'encre et un pot bleu rempli d'une substance blanchâtre. Elle s'applique ensuite à me barbouiller chaque doigt avec de l'encre puis me tend quelques essuie-touts. Elle me dit ensuite de plonger mes mains dans la substance blanchâtre, me souhaite bonne journée et me laisse en plan, avec mes affaires, les mains pleines d'encre et de crême. Après un débarbouillage fastidieux, je sors de l'édifice, impressionné par le fait que je n'y ai été qu'une heure. N'empêche, je dois revenir le 27 mars prochain pour y chercher ma carte. En supposant naturellement qu'elle soit faite à ce moment-là. On me suggère d'appeler avant pour vérifier, une perspective qui ne m'enchante guère. Parler au téléphone est déjà un peu complexe en espagnol pour moi, alors devoir en plus me faire comprendre auprès de fonctionnaires blasés... Enfin, j'ai bien hâte de voir ce que ça va donner!
Pour finir, l'anecdote du jour. Vu dans une fontaine du centre-ville de Santiago: un homme en bobettes en train de se raser à la pioche, la figure pleine de mousse. Parce que la baignade dans les fontaines publiques, c'est désormais trop mainstream.
À bientôt!! Et merci pour vos commentaires! J'espère que vous allez tous bien!
Chaque séjour à l'étranger inclut forcément un contact avec les autorités administratives locales, ne serait-ce que lors du passage des douanes. Dans mon cas, le fait que j'étudie pendant quatre mois dans une université du pays me paraissait annonciateur de nombreuses rencontres avec l'administration publique chilienne! Et, dans une certaine mesure, j'ai été servi!
D'abord, premier contact avec la bureaucratie universitaire. Objectif: m'inscrire à mes cours. Nous sommes habitués au Québec à ce que l'inscription se fasse assez rondement et rapidement par Internet, sauf cas complexes. Ici, au Chili, et même dans une université riche et assez techno comme la Catolica, ben... ça ne marche pas comme ça. À la place, chaque département a une personne ressource auprès de laquelle il faut s'inscrire individuellement. De manière concrète, pour moi, ça veut dire revirer au Campus San Joaquin situé loin du centre, aller à l'Institut de Science politique, trouver la personne en question (une certaine Nora Farfan), faire la file (parce que je ne suis pas tout seul, naturellement) et finalement m'inscrire. Comme tout bon processus bureaucratique, les choses ne vont jamais exactement aussi rondement qu'espéré! Vous vous souvenez qu'à la journée d'accueil, on m'avait conseillé d'aller voir tout de suite à l'Institut de science politique pour mon inscription étant donné que je suis au 2e cycle. Je m'exécute donc après la journée d'accueil et je prends le métro jusqu'au campus San Joaquin. Il est genre 16h45. J'aurais voulu arriver plus tôt: nous avions une pause 13h à 15h, alors je m'étais dit que ç'aurait pu être l'occasion ou jamais. Or, on a eu tôt fait de me préciser que les employés universitaires prennent leur pause dîner... de 13h30 à 15h! On oublie ça pour y aller en début d'après-midi! Bref, je traverse le campus, je cherche l'Institut de science politique. Je finis par le trouver après m'être un peu perdu... Sur place, aucune indication: j'aboutis finalement au Secrétariat de premier cycle. La dame m'indique alors que je dois sortir de l'immeuble, y re-rentrer à gauche pour accéder à un couloir puis trouver le bureau de la secrétaire aux inscriptions, à savoir la fameuse Nora Farfan. Naturellement, avec des indications aussi claires, je me perds à nouveau sur le campus! Je finis par arriver en fin de compte dans le bureau de la bonne personne. Je suis chanceux (enfin je crois): il n'y a personne. J'explique la situation à la dame: elle commence par m'expliquer que les inscriptions ne se feront pas avant demain (!!!) et qu'elle ne peut rien faire pour moi aujourd'hui. Puis, au fil de mes explications, elle semble un peu s'affoler face à ma situation et me dit que pour que mon inscription soit valide, je dois absolument aller voir le professeur responsable de l'Institut de science politique. Inquiet, je me dirige donc au 3e étage où je finis par rencontrer le sympathique et aimable prof en question, qui commence toutefois à me poser des questions bizarres. Voici un extrait du dialogue que j'ai eu avec lui:
- Donc tu es venu au Chili pour faire des cours de maîtrise en science politique?
- Euh... oui...
- D'accord, mais tu n'es pas inscrit à un programme de maîtrise?
- Pas au Chili non, je suis en échange.
- Ok, donc tu veux faire une maîtrise au Chili?
- Euh... Pas exactement... Je suis seulement en échange dans le cadre de mes études universitaires au Québec!
- Aaaaah ok, mais la Catolica ne t'a pas accepté comme étudiant?
- Non non tout est en ordre... (enfin ça devrait? C'est un peu pour ça que je viens vous voir!!)
- Ok mais il faut une autorisation spéciale pour que tu puisses suivre des cours de maîtrise étant donné que tu es au 1er cycle.
- Mais je suis au 2e cycle! Je fais une maîtrise en études internationales à l'Université Laval, je fais une session d'échange ici, la Catolica m'a accepté comme étudiant et je viens m'inscrire à mes cours! (Qu'est-ce qui est si compliqué là-dedans???)
- Aaaaaah ok je vois. Mais je vais quand même devoir t'accepter comme étudiant.
- Ah bon? (Pourquoi est-ce nécessaire, grands dieux, j'ai été accepté comme étudiant en échange par l'Université Laval et par la Catolica il y a des mois de ça!)
- Oui. C'est très simple, tu vas voir. Il faut que tu envoies un courriel à Paulina Court (la responsable des affaires internationales) avec les cours auxquels tu veux t'inscrire, elle me le transfèrera, je vais t'accepter puis je renverrai un courriel à Mme Court qui te répondra que tu peux aller t'inscrire. Ensuite, tu iras voir Nora Farfan pour qu'elle t'inscrive. Je la mettrai en cc. pour qu'elle soit au courant.
- Euh... Ok... Étant donné que je vais envoyer mes choix de cours par courriel, Paulina Court ne pourrait pas envoyer le tout à Nora Farfan pour qu'elle m'inscrive directement?
- Non. Tu dois y aller toi-même. (Sur un ton sans équivoque)
- Ah bon. (Super! Je dois donc perdre une heure demain à redire de vive voix à Mme Farfan mon choix de cours qu'elle aura déjà lu auparavant. Génial!)
Bref, heureusement que j'ai été voir tout ce beau monde, parce que je me demande bien comment j'aurais fait pour savoir que je devais envoyer un courriel pour que quelqu'un accepte pour une 2e-3e fois consécutive que je fasse des cours de maîtrise ici! Pour ceux qui voudraient connaître la suite, tout s'est bien passé. Je suis donc revenu dans le bureau de Nora Farfan, qui m'a rondement inscrit dans mes cours sur l'ordinateur après une attente de 15 minutes (pas mal). Elle m'informe que pour un de mes cours, il y a un choix de deux classes à 2 heures différentes. Elle me demande ce que je préfère, je lui dis que ça n'a pas d'importance, que me conseille-t-elle? Elle me répond de prendre la classe de 18h30 parce qu'elle est moins pleine. D'accord, va pour ça! Sur place cependant, mon prof me dit après les cours que vu mon profil, ce serait mieux que je sois dans la classe de 20h (celle des étudiants en maîtrise) et me demande candidement pourquoi j'ai choisi la classe de 18h30, qui est en fait la classe à laquelle assistent des étudiants de premier cycle ayant choisi quelques cours de maîtrise en fin de bac. Je lui dis que c'est Nora Farfan qui me l'a conseillé... Il sourit en me disant qu'elle a sûrement fait pour le mieux mais qu'elle ne connait pas les compositions des classes! Soupir... J'ai donc eu le plaisir de revoir Nora Farfan pour une quatrième fois!
Drôle de système, tout de même.
Mes contacts avec la bureaucratie chilienne ne se limitent pas à l'université. Par courriel, l'université a averti les étudiants en échange qu'ils devaient régulariser leur statut au Chili dans les 30 jours de leur arrivée au pays, sous peine d'amendes élevées. Ça implique deux choses:
- D'abord, faire enregistrer son visa d'études
- Ensuite, obtenir un carte de résident temporaire
L'enregistrement du visa, d'abord. Pourquoi faut-il faire ça? Aucune idée, franchement. Mais les voies de l'administration publique sont souvent impénétrables. Muni de mon passeport et de mes papiers de douane, je pars donc au centre-ville au Bureau de la police internationale de Santiago. Comme il n'y a pas d'heure d'ouverture sur le site Internet, j'arrive sur place à 15h, question d'éviter la pause-déjeûner. Un gardien m'accueille à l'entrée et s'informe des motifs de ma visite. Euh... je viens enregistrer mon visa? "Ah non, pas aujourd'hui, c'est fermé maintenant!" me répond-il, "c'est ouvert seulement de 8h à 14h chaque jour, reviens demain!"
Bon. Ok, alors. Whatever. Je ne peux m'empêcher de penser à ce moment-là à l'ambassade ouzbèke d'Almaty, inexplicablement fermée les mercredis, jour de notre visite!
Bureau de la police internationale, prise deux, le lendemain. J'arrive à 11h. Cette fois, c'est bien ouvert. Leurs locaux ne sont guère accueillants. C'est sale, poussiéreux et bruyant. Naturellement, l'endroit est plein à craquer de monde debout, assis, formant parfois vaguement des files se rendant à différents comptoirs. Aucune explication, naturellement. Je me mets donc candidement en file, avisant la ligne la plus proche. Quelques conversations avec des compagnons d'infortune me font réaliser que je dois d'abord prendre un numéro. Pour l'obtenir, je dois faire la file vers la caisse, où je dois débourser un certain montant pour couvrir les frais administratifs (tout service se paie au Chili capitaliste). Le brave fonctionnaire me demande mon passeport et les 800 pesos (1,50$) requis, puis me tend mon numéro. Je regarde: j'ai le numéro 530. Je jette ensuite un oeil au tableau indicateur: on sert présentement le numéro 186... Oh. Boy. Je vais moisir ici pendant une éternité, et je n'ai même pas pris de livre. Il est midi. Le caissier m'avait signalé que je pouvais aller manger ou me promener en attendant si je voulais, mais que je devais impérativement revenir avant 14h, au moment où les portes ferment. Je vais donc manger dans un fuente de sodas (un petit resto qui sert des plats typiques chiliens le midi) tout proche, je prends mon temps, et je reviens à 13h. Coup d'oeil sur le tableau indicateur: nous en sommes au numéro... 260. En une heure, seulement 80 personnes ont été servies! J'en ai encore pour des siècles!
J'avise une chaise libre et je m'y installe pour ce que je pense être un bon moment. 15 minutes plus tard, une fonctionnaire passe dans les allées en demandant s'il y a des gens qui viennent pour enregistrer leur visa! Je me lève, je lui dis que c'est mon cas, elle me dit d'aller attendre dans un bureau à part. Quelle chance! J'attends donc en compagnie de quelques personnes, puis mon tour vient. En 15 minutes, le formulaire est rempli sur l'ordinateur du fonctionnaire, au son de la musique salsa-merengue qui sort des haut-parleurs d'une radio du bureau. La fonctionnaire m'informe que je dois aller prendre une photo pour compléter mon dossier. "Va voir n'importe quel guichet, dès qu'il y en a un de libre, il vont s'occuper de toi." Facile à dire! Ils sont tous occupés depuis que je suis entré!! Je vais finalement à l'un des guichets, qui finit par me dire d'aller en voir un autre. Je me déplace, le guichet est occupé par quelqu'un qui pitonne quelque chose sur l'ordinateur... Peu de temps après, j'explique ma situation à la fonctionnaire. Elle tente de trouver mon dossier, me dit qu'il est inexistant (je viens de le faire faire il y a 20 minutes à peine!), le trouve finalement puis bogue sur la cédille dans mon nom. Elle n'arrive pas à trouver la touche "ç", demande l'aide de ses collègues. J'essaie de lui expliquer qu'elle peut se mettre en clavier français, ça ne marche pas... Je lui dis qu'elle peut l'omettre et mettre seulement un "c", que je n'en ferai pas un plat, elle me dit que c'est impossible, qu'il faut vraiment que mon nom soit bien orthographié... Bref, après 10 minutes de gossage, elle finit par trouver la bonne touche. On prend ensuite ma photo puis elle me dit que tout est correct et me tend un bout de papier avec mes informations. C'est un document officiel imprimé de travers, avec ma photo allongée. "Vous aurez besoin de ce document pour faire faire votre carte de résidence temporaire. Suivant!"
Après 3h de tramites (processus bureaucratiques), comme on dit ici, je ressors victorieux, en gardant jalousement au creux de ma main mon précieux bout de carton mal imprimé.
Naturellement, il est trop tard pour aller aujourd'hui au Bureau du registre de l'État civil. Ce n'est que partie remise, le lendemain. Heureusement, c'est tout près de chez Tirso. J'arrive sur place vers 11h. C'est ouvert (ouf!). À l'accueil, tout le monde se dirige vers un petit homme en costume qui fait office d'accueil. Je lui dis que je viens pour faire faire ma carte de résident temporaire. Il me dit que je dois faire des photocopies de mon passeport, de mon visa et du papier mal imprimé que j'ai obtenu hier au Bureau de la police internationale. Ah... Ç'aurait été bien de le savoir avant! Et je vais vais où pour les photocopies? On peut les faire ici? Non, il faut aller dehors, naturellement. Heureusement, autour du Bureau du registre de l'État civil se trouvent des commerces et rôdent des marchands ambulants qui proposent toutes sortes de services connexes à la paperasserie administrative: plastification de documents et naturellement, photocopies. Je reviens donc 10 minutes plus tard avec mes photocopies sous le bras. On m'indique que je dois faire une longue file. Cette fois, j'ai prévu un livre. Tout à coup, un fonctionnaire nous avise qu'une partie de la file (dont moi) allons passer à l'étage supérieur. Sans trop comprendre pourquoi, je monte. On me donne un numéro: seulement 20 personnes avant moi! Yé! Mon tour vient finalement: la fonctionnaire remplit des papiers puis, inévitablement, me demande de payer pour l'ouverture de mon dossier: 8$. Décidément, on paie tout le temps ici. Heureusement que j'avais assez dans mon porte-monnaie, parce qu'on ne nous avise jamais qu'il y a des coûts! Ensuite vient le moment assez cocasse de la prise des empreintes digitales. La dame m'amène à une table où se trouvent de l'encre et un pot bleu rempli d'une substance blanchâtre. Elle s'applique ensuite à me barbouiller chaque doigt avec de l'encre puis me tend quelques essuie-touts. Elle me dit ensuite de plonger mes mains dans la substance blanchâtre, me souhaite bonne journée et me laisse en plan, avec mes affaires, les mains pleines d'encre et de crême. Après un débarbouillage fastidieux, je sors de l'édifice, impressionné par le fait que je n'y ai été qu'une heure. N'empêche, je dois revenir le 27 mars prochain pour y chercher ma carte. En supposant naturellement qu'elle soit faite à ce moment-là. On me suggère d'appeler avant pour vérifier, une perspective qui ne m'enchante guère. Parler au téléphone est déjà un peu complexe en espagnol pour moi, alors devoir en plus me faire comprendre auprès de fonctionnaires blasés... Enfin, j'ai bien hâte de voir ce que ça va donner!
Pour finir, l'anecdote du jour. Vu dans une fontaine du centre-ville de Santiago: un homme en bobettes en train de se raser à la pioche, la figure pleine de mousse. Parce que la baignade dans les fontaines publiques, c'est désormais trop mainstream.
À bientôt!! Et merci pour vos commentaires! J'espère que vous allez tous bien!
dimanche 17 mars 2013
Quelques photos, à la demande générale!
La vue du balcon de chez Tirso, le soir
Le salon de chez Tirso (et l'endroit où je dors depuis 2 semaines)
Tirso (fort occupé à me prendre en photo avec mon sandwich) et mon sandwich chilien à la viande, dans un resto chilien typique, le jour de mon arrivée! Notez les fèves vertes!
Vue de la terrasse de l'appart de Tirso
La Cour intérieure de la Casa central de la Universidad Catolica
Cour intérieure, Casa central PUC
Campus San Joaquin, la place principale (au fond, l'église)
Allée centrale, campus San Joaquin
Cour intérieure, Casa central
L'Institut de Science Po!
Les bâtiments de sciences sociales!
"Parce que rien n'a changé, il y a beaucoup de choses pour lesquelles il faut se battre"
Affiche étudiante pro-grève, pavillon des sciences sociales
Santiago Centro, Plaza de armas
La cathédrale métropolitaine, Plaza de Armas
Plaza de Armas
Église Santa Isabel, en rénovation
La cathédrale métropolitaine, durant la messe (je me trouvais à passer dans le coin, alors j'en ai profité pour jeter un coup d'oeil!)
Barrio Brasil (mon quartier), à un coin de rue de chez Tirso. Il y a des graffitis artistiques comme ceux-là partout dans le quartier!
L'autre richesse de Barrio Brasil: ses vieilles maisons des familles riches du XIXe siècles, maintenant occupées par des immigrants et des familles à revenu plus modeste. Même un peu délaissées, ces maisons demeurent magnifiques! Ici, on est à un coin de rue de chez Tirso!
Architecture européenne, Santiago Centro
L'ex-chambre des députés, Santiago Centro. Aujourd'hui, les députés siègent dans un autre bâtiment dans une ville située à 1h30 de Santiago (Valparaiso)
Galerie d'art, Santiago Centro. Du bel ouvrage!
Rue piétonne, Santiago Centro
Plaza de Armas
Vieille maison coloniale et jolie place
Académie diplomatique du Chili!
Jolie fontaine et église, Santiago centro
Place inondée de soleil, Santiago centro
L'accueil à l'université!
Salut!!!
Voilà près de 2 semaines que je suis arrivé au Chili et je ne vous ai pas encore entretenus sur la raison principale de ma venue ici, c'est à dire les études (non, ce n'est pas juste un voyage! :) ) En fait, j'ai pris contact avec la vie universitaire de ma nouvelle alma mater dès le lendemain de mon à arrivée à Santiago, c'est à dire mardi le 5 mars dernier. C'était effectivement la journée d'accueil à la Pontificia Universidad Catolica de Chile, et les responsables nous attendaient à 9h dans l'un des amphithéâtres du pavillon principal, la Casa central. La Casa central est située en plein coeur de Lastarria, au centre de Santiago, sur la rue principale (la Alameda): autant dire que c'est central, justement! C'est un magnifique ensemble de bâtiments d'architecture coloniale. Une fois à l'intérieur, on tombe d'abord sous le charme de la jolie cour intérieure à l'espagnole, avec végétation, arbres et fontaines! Ah oui, et avec une statue de la Vierge Marie: c'est une université catholique et on ne l'oublie pas! On retrouve aussi la statue de Jean-Paul II dans un autre espace commun, et il y a des crucifix dans chaque classe (sans parler de la salle réservée à la pastorale et aux affiches incitant les jeunes à participer aux célébrations de Pâques). C'est quand même surprenant de voir ça pour quelqu'un comme moi qui a effectué toutes ses études dans les institutions laïques d'enseignement du Québec!
Donc pour la journée d'accueil, on était convié dans un joli amphithéâtre entouré de vieilles bibliothèques. J'y ai rencontré un couple de Français, étudiants à l'Université de Montréal au bac en études internationales! En fait j'avais déjà rencontré le gars au Consulat chilien de Montréal. Comme ils sont bien sympa et que je ne connais personne, on s'asseoit ensemble. Naturellement, ça a commencé en retard de 45 minutes : nous sommes en Amérique latine, tout de même! Après les soporifiques discours des recteurs et autres hauts placés de l'université, nous avons eu droit à 2 vidéos corporatifs plutôt bien faits sur l'université en général et sur la vie étudiante. Suivit ensuite une petite pause (avec café, jus et biscuits dans la cour intérieure, s'il vous plaît) puis ensuite on nous a présenté la Comision de acogida de la Universidad Catolica (CAUC), qui est en fait un groupe d'étudiants qui sont là pour intégrer les étudiants en échange à la vie étudiante! On a appris au même moment qu'il y a beaucoup d'associations d'étudiants, notamment au niveau de l'aide aux personnes seules ou dans le besoin (université catholique, on n'oublie pas!). Ensuite, on a eu droit à une présentation en règle du Chili et des Chiliens, c'était bien intéressant! Je vous parlerai des Chiliens dans un billet séparé, il y a trop à dire! Par la suite, on avait un petit atelier où des étudiants des différentes facultés répondaient à nos questions. La question la plus brûlante était l'inscription. En effet, les cours commençaient officiellement le lendemain, tout comme l'inscription! En fait, selon ce que j'ai compris, on a 2 semaines pour s'inscrire et pour commencer à suivre ses cours, et on peut abandonner/changer de cours sans frais à l'intérieur de ce délai. Au détour d'une question posée à une étudiante, j'ai compris que j'étais à peu près le seul étudiant de 2e cycle en science politique (et également le seul vrai Québécois tout court, les autres étudiants en échange provenant des autres universités du Québec étant tous Français!)! Donc les explications des étudiants ne s'appliquaient pas vraiment à moi! Ainsi, quand je me suis renseigné quant à la marche à suivre au niveau de l'inscription, on m'a dit que je devais immédiatement aller à l'Institut de science politique pour m'inscrire, parce que "ça ne fonctionne pas pareil pour moi". Joie!
Avec les 2 Français et une Torontoise rencontrée lors de l'échange de questions avec les étudiants, on est partis manger dans un petit resto super bon tout près de l'Université puis ensuite, (il est 15h) c'était la partie "morale" de l'accueil des étudiants. Nous avons en effet eu droit à une heure de discours puis d'ateliers en petits groupes sur le thème "les ravages de l'alcool auprès de la population étudiante et comment avoir des habitudes de consommation saine". Disons que c'était un peu... surprenant comme discussion! Ai-je dit que j'étudie dans une université catholique?
Pour la suite des choses, la CAUC nous invitait tous à prendre un verre dans un bar du quartier Bellavista, le quartier branché de Santiago pour sortir (soit dit en passant, le timing était parfait avec les discussions qu'on venait d'avoir sur l'alcool!) Avant par contre, je devais me rendre à l'Institut de science politique pour mon inscription. Je vous reparlerai de mes péripéties bureaucratiques dans un autre billet, mais je fais seulement un parenthèse pour vous parler des autres campus de l'Université! En fait, les campus sont tous éparpillés aux quatre coins de la ville. L'Institut de science politique est situé dans le campus San Joaquin, le plus méridional. Situé loin au sud en métro de la Casa central, c'est un super campus plein d'espaces verts où se trouvent plusieurs facultés, dont celles de sciences sociales. La disposition des bâtiments au sein d'espaces verts fait un peu penser à l'Université Laval en fait! On y accède par une grande allée bordée d'arbres. À l'entrée, une immense statue du Christ rédempteur nous accueille (et depuis l'élection du pape François 1er, une immense affiche à son effigie également!). De chaque côté de l'allée se trouvent les bâtiments de sciences (à droite) et ceux de d'éducation (à gauche). L'allée aboutit sur une grande place au bout de laquelle trône, vous l'aurez deviné, l'église de l'Université (il y a aussi une chapelle à la Casa central apparemment, mais je ne l'ai pas encore trouvée!). À partir de là se trouve à droite un étrange bâtiment en forme de Y vertical, la faculté d'ingénierie et les terrains de sport sont derrière l'église alors que les bâtiments de sciences sociales se trouvent à gauche. Alors que les édifices abritant les sciences sociales sont traditionnellement les plus laids dans les universités du Québec, ici c'est surprenamment joli! Inutile de vous dire que cette section de l'université est aussi la plus militante. Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis 2011, d'énormes grèves étudiantes secouent le Chili en ce qui a trait à l'accessibilité de l'éducation supérieure (pour un Québécois, tout ça n'est pas très dépaysant, il faut avouer!) Si la majorité de la mobilisation a été le fait des années 2011-2012 et s'est affaiblie par la suite (notamment en raison de gains importants obtenus par les étudiants en 2012), certaines franges du mouvement étudiant (comme ici d'ailleurs) ne sont pas satisfaites et continuent encore aujourd'hui de manifester. D'où les immenses affiches en faveur de grèves et de manifestations qui tapissent le grand pavillon des sciences sociales. Considérant que nous sommes dans une université privée, catholique, conservatrice et forcément élitiste compte tenu des droits de scolarité élevés exigés ici, c'est quand même surprenant de voir ce type d'appel à "continuer le combat" ici! On retrouve d'ailleurs à l'entrée du campus San Joaquin un grand graffiti révélateur sur le trottoir: "UC Rebelde"(Universidad Catolica rebelle). Pas si sûr donc que la Catolica ne sera pas touchée par les grèves finalement!
En ce qui concerne les autres campus (il y en a deux autres), je n'ai pas encore eu l'occasion de les visiter mais ça ne saurait tarder!
Je vous laisse sur l'anecdote du jour: le même soir, en sortant du bar où nous avait invité la CAUC, je rentre vers le métro avec un Chilien rencontré un peu plus tôt. Comme je meurs de faim (il est presque 10h et je n'ai pas soupé), on s'arrête en chemin devant un vendeur ambulant pour manger un completo (la version chilienne du hot dog, auquel on ajoute des tomates en dés et surtout beaucoup de purée d'avocat. C'est particulier comme mix!). Un gars, jeune vingtaine, qui attend son hot dog avant nous se met à nous jaser en espagnol. Son accent est bizarre, il n'arrête pas de sacrer (ce qui ne se fait pas aussi ouvertement ici) et est visiblement soûl: bref, il est plutôt cocasse, mais il est assez évident qu'il n'est pas du Chili. Je finis par découvrir qu'il n'est pas chilien mais américain (avec le recul ce n'est pas très suprenant), et il me demande d'où je viens (en anglais parce qu'il croit déceler que je ne suis pas Chilien aussi, du moins pour le moment!). Je lui réponds que je suis canadien et que je viens du Québec. Il me répond alors que c'est impossible, que tous les Québécois ont un accent de marde en anglais et que comme ce n'est pas mon cas (apparemment), ben je peux pas venir du Québec. Mon ami chilien, qui est au courant de mes origines, et moi commençons de plus en plus à trouver ça drôle. En postillonnant, il me dit qu'il va me tester pour vérifier si ce que je dis est vrai. Je souris encore plus: ça va être drôle! Il me demande alors de lui donner la capitale du Québec. Je réponds Québec, naturellement. Il rit et me dit, avec la fierté de celui qui a découvert la vérité, que je ne peux pas être Québécois parce que tout le monde sait que c'est Montréal la capitale du Québec! Je commence par protester mais finalement, comme c'est décidément trop comique, je décide d'entrer dans son jeu et je lui dis qu'il a raison, qu'en fait je suis Chilien et que je viens de Concepcion. De cette assurance qu'ont tous les saoulons lorsqu'ils croient avoir raison, il m'assène alors qu'il le savait et qu'il avait tout de suite vu que je le niaisais depuis le début! Le Chilien et moi avons le sourire fendu jusqu'aux oreilles et éclatons de rire lorsqu'il s'en va en titubant, son hot dog à la main, non sans avoir auparavant goûté à tous les condiments avec ses doigts (soulevant l'ire d'un homme derrière moi qui s'empresse de me dire, en hochant la tête "No se hace, no se hace, que mala educacion!") Bref, on a eu bien du plaisir avec cet Américain saoul, limite désagréable et mal élevé, qui doit désormais penser que les Chiliens prennent plaisir à rire de lui de lui en prétendant être d'une autre nationalité!
À bientôt!!!
Voilà près de 2 semaines que je suis arrivé au Chili et je ne vous ai pas encore entretenus sur la raison principale de ma venue ici, c'est à dire les études (non, ce n'est pas juste un voyage! :) ) En fait, j'ai pris contact avec la vie universitaire de ma nouvelle alma mater dès le lendemain de mon à arrivée à Santiago, c'est à dire mardi le 5 mars dernier. C'était effectivement la journée d'accueil à la Pontificia Universidad Catolica de Chile, et les responsables nous attendaient à 9h dans l'un des amphithéâtres du pavillon principal, la Casa central. La Casa central est située en plein coeur de Lastarria, au centre de Santiago, sur la rue principale (la Alameda): autant dire que c'est central, justement! C'est un magnifique ensemble de bâtiments d'architecture coloniale. Une fois à l'intérieur, on tombe d'abord sous le charme de la jolie cour intérieure à l'espagnole, avec végétation, arbres et fontaines! Ah oui, et avec une statue de la Vierge Marie: c'est une université catholique et on ne l'oublie pas! On retrouve aussi la statue de Jean-Paul II dans un autre espace commun, et il y a des crucifix dans chaque classe (sans parler de la salle réservée à la pastorale et aux affiches incitant les jeunes à participer aux célébrations de Pâques). C'est quand même surprenant de voir ça pour quelqu'un comme moi qui a effectué toutes ses études dans les institutions laïques d'enseignement du Québec!
Donc pour la journée d'accueil, on était convié dans un joli amphithéâtre entouré de vieilles bibliothèques. J'y ai rencontré un couple de Français, étudiants à l'Université de Montréal au bac en études internationales! En fait j'avais déjà rencontré le gars au Consulat chilien de Montréal. Comme ils sont bien sympa et que je ne connais personne, on s'asseoit ensemble. Naturellement, ça a commencé en retard de 45 minutes : nous sommes en Amérique latine, tout de même! Après les soporifiques discours des recteurs et autres hauts placés de l'université, nous avons eu droit à 2 vidéos corporatifs plutôt bien faits sur l'université en général et sur la vie étudiante. Suivit ensuite une petite pause (avec café, jus et biscuits dans la cour intérieure, s'il vous plaît) puis ensuite on nous a présenté la Comision de acogida de la Universidad Catolica (CAUC), qui est en fait un groupe d'étudiants qui sont là pour intégrer les étudiants en échange à la vie étudiante! On a appris au même moment qu'il y a beaucoup d'associations d'étudiants, notamment au niveau de l'aide aux personnes seules ou dans le besoin (université catholique, on n'oublie pas!). Ensuite, on a eu droit à une présentation en règle du Chili et des Chiliens, c'était bien intéressant! Je vous parlerai des Chiliens dans un billet séparé, il y a trop à dire! Par la suite, on avait un petit atelier où des étudiants des différentes facultés répondaient à nos questions. La question la plus brûlante était l'inscription. En effet, les cours commençaient officiellement le lendemain, tout comme l'inscription! En fait, selon ce que j'ai compris, on a 2 semaines pour s'inscrire et pour commencer à suivre ses cours, et on peut abandonner/changer de cours sans frais à l'intérieur de ce délai. Au détour d'une question posée à une étudiante, j'ai compris que j'étais à peu près le seul étudiant de 2e cycle en science politique (et également le seul vrai Québécois tout court, les autres étudiants en échange provenant des autres universités du Québec étant tous Français!)! Donc les explications des étudiants ne s'appliquaient pas vraiment à moi! Ainsi, quand je me suis renseigné quant à la marche à suivre au niveau de l'inscription, on m'a dit que je devais immédiatement aller à l'Institut de science politique pour m'inscrire, parce que "ça ne fonctionne pas pareil pour moi". Joie!
Avec les 2 Français et une Torontoise rencontrée lors de l'échange de questions avec les étudiants, on est partis manger dans un petit resto super bon tout près de l'Université puis ensuite, (il est 15h) c'était la partie "morale" de l'accueil des étudiants. Nous avons en effet eu droit à une heure de discours puis d'ateliers en petits groupes sur le thème "les ravages de l'alcool auprès de la population étudiante et comment avoir des habitudes de consommation saine". Disons que c'était un peu... surprenant comme discussion! Ai-je dit que j'étudie dans une université catholique?
Pour la suite des choses, la CAUC nous invitait tous à prendre un verre dans un bar du quartier Bellavista, le quartier branché de Santiago pour sortir (soit dit en passant, le timing était parfait avec les discussions qu'on venait d'avoir sur l'alcool!) Avant par contre, je devais me rendre à l'Institut de science politique pour mon inscription. Je vous reparlerai de mes péripéties bureaucratiques dans un autre billet, mais je fais seulement un parenthèse pour vous parler des autres campus de l'Université! En fait, les campus sont tous éparpillés aux quatre coins de la ville. L'Institut de science politique est situé dans le campus San Joaquin, le plus méridional. Situé loin au sud en métro de la Casa central, c'est un super campus plein d'espaces verts où se trouvent plusieurs facultés, dont celles de sciences sociales. La disposition des bâtiments au sein d'espaces verts fait un peu penser à l'Université Laval en fait! On y accède par une grande allée bordée d'arbres. À l'entrée, une immense statue du Christ rédempteur nous accueille (et depuis l'élection du pape François 1er, une immense affiche à son effigie également!). De chaque côté de l'allée se trouvent les bâtiments de sciences (à droite) et ceux de d'éducation (à gauche). L'allée aboutit sur une grande place au bout de laquelle trône, vous l'aurez deviné, l'église de l'Université (il y a aussi une chapelle à la Casa central apparemment, mais je ne l'ai pas encore trouvée!). À partir de là se trouve à droite un étrange bâtiment en forme de Y vertical, la faculté d'ingénierie et les terrains de sport sont derrière l'église alors que les bâtiments de sciences sociales se trouvent à gauche. Alors que les édifices abritant les sciences sociales sont traditionnellement les plus laids dans les universités du Québec, ici c'est surprenamment joli! Inutile de vous dire que cette section de l'université est aussi la plus militante. Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis 2011, d'énormes grèves étudiantes secouent le Chili en ce qui a trait à l'accessibilité de l'éducation supérieure (pour un Québécois, tout ça n'est pas très dépaysant, il faut avouer!) Si la majorité de la mobilisation a été le fait des années 2011-2012 et s'est affaiblie par la suite (notamment en raison de gains importants obtenus par les étudiants en 2012), certaines franges du mouvement étudiant (comme ici d'ailleurs) ne sont pas satisfaites et continuent encore aujourd'hui de manifester. D'où les immenses affiches en faveur de grèves et de manifestations qui tapissent le grand pavillon des sciences sociales. Considérant que nous sommes dans une université privée, catholique, conservatrice et forcément élitiste compte tenu des droits de scolarité élevés exigés ici, c'est quand même surprenant de voir ce type d'appel à "continuer le combat" ici! On retrouve d'ailleurs à l'entrée du campus San Joaquin un grand graffiti révélateur sur le trottoir: "UC Rebelde"(Universidad Catolica rebelle). Pas si sûr donc que la Catolica ne sera pas touchée par les grèves finalement!
En ce qui concerne les autres campus (il y en a deux autres), je n'ai pas encore eu l'occasion de les visiter mais ça ne saurait tarder!
Je vous laisse sur l'anecdote du jour: le même soir, en sortant du bar où nous avait invité la CAUC, je rentre vers le métro avec un Chilien rencontré un peu plus tôt. Comme je meurs de faim (il est presque 10h et je n'ai pas soupé), on s'arrête en chemin devant un vendeur ambulant pour manger un completo (la version chilienne du hot dog, auquel on ajoute des tomates en dés et surtout beaucoup de purée d'avocat. C'est particulier comme mix!). Un gars, jeune vingtaine, qui attend son hot dog avant nous se met à nous jaser en espagnol. Son accent est bizarre, il n'arrête pas de sacrer (ce qui ne se fait pas aussi ouvertement ici) et est visiblement soûl: bref, il est plutôt cocasse, mais il est assez évident qu'il n'est pas du Chili. Je finis par découvrir qu'il n'est pas chilien mais américain (avec le recul ce n'est pas très suprenant), et il me demande d'où je viens (en anglais parce qu'il croit déceler que je ne suis pas Chilien aussi, du moins pour le moment!). Je lui réponds que je suis canadien et que je viens du Québec. Il me répond alors que c'est impossible, que tous les Québécois ont un accent de marde en anglais et que comme ce n'est pas mon cas (apparemment), ben je peux pas venir du Québec. Mon ami chilien, qui est au courant de mes origines, et moi commençons de plus en plus à trouver ça drôle. En postillonnant, il me dit qu'il va me tester pour vérifier si ce que je dis est vrai. Je souris encore plus: ça va être drôle! Il me demande alors de lui donner la capitale du Québec. Je réponds Québec, naturellement. Il rit et me dit, avec la fierté de celui qui a découvert la vérité, que je ne peux pas être Québécois parce que tout le monde sait que c'est Montréal la capitale du Québec! Je commence par protester mais finalement, comme c'est décidément trop comique, je décide d'entrer dans son jeu et je lui dis qu'il a raison, qu'en fait je suis Chilien et que je viens de Concepcion. De cette assurance qu'ont tous les saoulons lorsqu'ils croient avoir raison, il m'assène alors qu'il le savait et qu'il avait tout de suite vu que je le niaisais depuis le début! Le Chilien et moi avons le sourire fendu jusqu'aux oreilles et éclatons de rire lorsqu'il s'en va en titubant, son hot dog à la main, non sans avoir auparavant goûté à tous les condiments avec ses doigts (soulevant l'ire d'un homme derrière moi qui s'empresse de me dire, en hochant la tête "No se hace, no se hace, que mala educacion!") Bref, on a eu bien du plaisir avec cet Américain saoul, limite désagréable et mal élevé, qui doit désormais penser que les Chiliens prennent plaisir à rire de lui de lui en prétendant être d'une autre nationalité!
À bientôt!!!
lundi 11 mars 2013
La recherche d'apparts
Ça doit faire 6 jours que je cherche intensivement une chambre meublée au sein d'un appartement à Santiago. Jusqu'ici, sans succès. Autant vous dire que je ne suis plus capable de voir le site CompartoDepto, l'équivalent chilien de Kijiji ! Je pense avoir écrit en tout une centaine de courriels et avoir appelé au moins 40 personnes différentes. Ça ne parait pas, mais je fais ça à temps plein depuis mercredi dernier et c'est super long!!! Il faut dire que je suis un peu tard en saison: les cours ont commencé le 6 mars et beaucoup de chambres ont trouvé preneur un peu avant! En plus, je dois me limiter aux chambres meublées, et éviter les quartiers trop éloignés... Sans parler du prix! Ici, louer une chambre coûte entre 300$ (très bon marché) et 500$, voire plus, tout compris (électricité, gaz, Internet)!! C'est grosso modo le même prix que chez nous (du moins à Québec) mais les Santiagüinos ont des revenus bien plus bas que les nôtres! Inutile de vous dire donc que Santiago est une ville chère pour le Chilien moyen...
Voici un petit topo des appartements que j'ai visité à date:
Mercredi : le condo de jeune professionnel. Première visite, un appartement à 390$/mois situé à distance de marche de mon campus universitaire. Premier constat: c'est en fait une haute tour des années 1970 entourée de clôtures et gardée par un concierge à qui on doit décliner nom et raison de la visite... J'ai rendez-vous au 18e étage. Le gars, Jonathan, fin vingtaine, me reçoit chaleureusement pendant que son petit chien me saute dessus. On s'asseoir au salon, qui a une vue imprenable sur le centre-ville. L'appartement est bien, mais la chambre est très petite petite (bien qu'elle ait une superbe vue sur les Andes). Conclusion: c'est bien mais un peu cher pour ce que c'est (c'est aussi l'avis de Tirso), un peu impersonnel également. D'autant plus que le gars me dit qu'il a une personne très intéressée qui va sûrement prendre la chambre. Je lui dis donc poliment que je le rappellerai.
Jeudi : l'auberge de hippies. Seconde visite, dans le quartier universitaire cette fois. Un peu plus loin de l'université, mais acceptable quand même parce que ça se marche aussi. L'endroit est situé au fond d'une petite allée transformée en jardin rejoignant de vieilles maisons coloniales, souvenir d'une époque qui s'évapore à toute vitesse dans ce quartier où poussent de hautes tours à condos à tous les coins de rue. Le propriétaire des lieux, Francisco, coiffé à la rasta, me reçoit en jogging avec un grand sourire aux lèvres. Il me jase pêle-mêle de son amour pour la nature, le partage des choses, les conversations avec les gens et les autochtones chiliens (les Mapuche). Il me fait visiter la chambre, qui est bien sale, draps y compris, avec en prime une coquerelle morte en plein milieu des lieux. Une immense fenêtre qui ferme mal donne sur l'allée (je suis au niveau du sol), ce qui promet pour l'hiver qui s'en vient ici dans 2 mois. Francisco me rassure en disant que je pourrai payer pour une estufa, ou chaufferette... au gaz propane. À Santiago, la plupart des habitations n'ont pas de chauffage central et l'électricité coûte cher, alors il est courant que les gens se chauffent avec des chaufferettes au gaz, avec tous les risques que ça inclut! Bref, je suis pas trop partant. Le reste de la place est aussi sale, notamment la cuisine. Par contre, les gens sont super sympa. Pour la plupart des étrangers, quelques Françaises, qui vivent là depuis quelques mois (et semblent avoir de bien meilleures chambres que la mienne!) Pour quelques jours, je resterais clairement là, mais pour 4 mois... non. Ça ne vaut clairement pas les 350$/mois demandés! Je remercie Francisco, qui tient à me préciser que je peux fumer du pot et faire la fête dans la maison si je veux... Bien aimable en tout cas! J'ai une autre visite dans la journée: la casita féministe. Alors ça, sur papier, c'est intéressant! Situé dans le magnifique quartier Concha y Toro, c'est un appart avec terrasse sur 2 étages. Wow! Sur place, je me rends compte que c'est au 2e étage de la section locale d'une organisation qui héberge des femmes. Pourquoi pas? Tamara me fait visiter l'appartement: il est bien sympa, quoiqu'un peu sale. Je croise sa coloc, visiblement lesbienne, qui m'ignore pratiquement et passe en bobettes monter à sa chambre mettre de la musique à fond et fumer... Tamara m'informe aussi qu'elle a un chien (quelle joie...) mais que c'est sa mère qui le garde présentement. Deux chambres me sont offertes: l'une minuscule avec une fenêtre qui refuse de s'ouvrir, l'autre plus grande et bien mieux éclairée. J'hésite... L'ambiance est correcte, bien que pas extraordinaire, mais je pense que je serais tout de même bien ici... Je lui dis finalement que si j'avais à choisir je prendrais la chambre la plus grande. Je lui dis que je resterais jusqu'à juillet: elle m'informe alors qu'elle cherche pour plus longtemps et me dit qu'elle me rappellera pour me dire si finalement je pourrais rester moins longtemps... Ce sera finalement non!
Vendredi: L'appartement obscur. J'ai rendez-vous vers 19h avec Isabel, une prof de philo de 29 ans qui sous-loue son appart. Que dire? Le bon côté, c'est que c'est pas trop loin du centre et de l'université. Le mauvais? Par où commencer? D'abord, c'est situé au coin de deux rues très passantes, alors c'est très bruyant (sans parler de la pollution). Ensuite, la porte d'entrée est barbouillée de graffitis, et l'immeuble peu accueillant entouré de baraques désaffectées... Non décidément, je n'ai encore rien vu mais je ne suis vraiment pas sûr... Je pense sérieusement à m'en aller lorsqu'arrive Isabel, bien sympathique, qui me fait visiter les lieux. À l'intérieur, une immense et lourde grille de fer doit être traversée pour accéder à un escalier plongé dans le noir. L'appartement ne vaut guère mieux: il fait plein soleil à l'extérieur et c'est à peine si un rayon ou deux osent se risquer dans l'appartement nageant autrement dans la pénombre. C'est également sale, et en plus très cher pour ce que c'est (390$/ mois pour la fenêtre et le bruit, 340$ pour une minuscule pièce sans fenêtre. Non, décidément, ce n'est pas pour moi. Je me rends ensuite à mon autre rendez-vous: un autre condo pour professionel. Gustavo, étudiant de maîtrise en commerce, me reçoit au 8e étage de sa tour qui surplombe l'autoroute centrale, à la limite de Barrio Brasil et Santiago central. Le contraste est assez saisissant avec ce que je viens de voir chez Isabel. Pourtant ça ne clique pas trop entre lui et moi. Il a beau habiter dans un joli appartement, il demande aussi cher que Jonathan pour moins beau et moins bien situé. C'est donc un non...
Samedi: L'appart haut de gamme à Las Condes. Un ami d'une amie, Miguel Angel, avec qui je vais dîner ce samedi m'a fait part plus tôt cette semaine qu'il a une amie qui sous-loue une chambre dans son appart. C'est à Las Condes: Miguel Angel m'assure que s'il avait l'argent, c'est là qu'il vivrait, que c'est le meilleur quartier de la ville. Je ne demande qu'à le croire et je vais donc visiter. Comme je vous l'ai déjà dit, Las Condes, c'est le quartier super riche de Santiago. Dès mon premier contact avec les rues vides mais TELLEMENT sécuritaires de Las Condes, je sens que ce quartier n'est pas pour moi. Plus je m'éloigne du métro et plus je m'ennuie dans cette partie sans vie de la capitale chilienne, où les pelouses sont d'un vert parfait et les maisons irréprochables. On se croirait en banlieue! Les Mercedes, les Lexus et les BMW conduites par des hommes ventrus et d'élégantes dames me dépassent alors que marche sur des trottoirs vides en croisant de temps à autre des panneaux m'indiquant que le secteur est surveillé par caméra. J'arrive finalement en face de l'immeuble: dès mon entrée (surveillée par concierge), j'ai la curieuse impression d'être revenu à Rosemère, au condo de ma grand-mère. Les gens qui m'accueillent sont aussi de sympathiques jeunes professionnels, qui habitent un très bel appart, certes. Ils m'avertissent que je ne pourrai pas vraiment faire de fêtes, puisque les gens qui vivent ici sont plus âgés qu'eux (quelle surprise!). Reste que la vie de quartier s'approche dangereusement du néant. En plus, je suis à 10 minutes du métro, et encore bien loin de l'université en métro. Par contre, la chambre est bien, le prix n'est pas mal: 350$/mois, ce qui est très correct pour ce qui est offert. Bref, ça demeure une option, mais idéalement ce n'est pas là du tout que j'habiterais!!
Dimanche: la maison des artistes de Providencia. Une amie m'avait mis en contact avec un ami chilien à elle, Roger, qui louait des chambres dans un hostel. Comme je le contacte, il me dit de le rejoindre chez lui. Il habite dans Providencia, un autre beau quartier de la ville. Encore traumatisé par mon expérience à Las Condes, je me persuade que ça va être mieux comme quartier et que ce n'est peut-être pas si pire, vivre en hostel pour 4 mois. Surprise: d'abord, effectivement, le quartier est un peu mieux. Ça reste un peu vide tout de même, mais cette fois, il y a des gens sur le trottoir et même quelques magasins. La maison de Roger est situé au bout d'une belle allée. Grand, le crâne rasé, Roger m'accueille gentiment. Il est peintre: sa maison est pleine d'oeuvres d'art qu'il a peint lui-même. Son colocataire est sculpteur (!) et réalise des oeuvres comme des éléphants peints en turquoise qu'il expose aussi partout dans la maison. Roger vit aussi avec sa blonde, qui est très aimable. La maison en soi est super bien, au point où c'est sérieusement un option. Par contre, c'est un peu loin du métro et on n'a pas vraiment non plus l'impression d'être en ville: c'est un peu comme vivre à Ste-Thérèse, avec le métro pas trop loin comme unique différence. Ce n'est pas exactement ce que je veux, je préférerais être plus central, mais ça pourrait faire l'affaire, d'autant plus que c'est à 350$/mois... À suivre donc...
Lundi: L'appart des actrices. Alors que je ne l'espérais plus, je reçois dimanche une réponse de Sandra, qui sous-loue une chambre dans son magnifique appart de Bellas Artes, en plein centre de la ville et à distance de marche de l'université. Situé dans un immeuble des années 1960, l'endroit est déciment magnifique: deux immenses terrasses, plein de lumière, une chambre super bien, cuisine et salle de bain impeccables, et admirablement situé en plus. En outre, mes colocs, deux actrices de la fin vingtaine, sont gentilles comme tout, tout comme le copain de l'une d'entre elles avec qui ça clique tout de suite. Ça vaut amplement les 390$/mois qu'on me demande. C'est dit, je prends! Drame: il y a quelqu'un d'autre, un ami personnel d'une des filles, qui a priorité et qui leur a promis une réponse aujourd'hui. S'il ne le prend pas, alors il me loueront la chambre, mais autrement, non. C'est bien compréhensible, mais un peu dommage parce que, finalement, je reçois la réponse comme quoi l'ami a finalement décidé de vivre avec eux! Déception, donc, parce que c'était de loin l'un des meilleurs appartements que j'aie visité à date! Ils m'ont toutefois dit qu'ils aimeraient bien qu'on aille prendre un bière ou sortir un de ces jours, donc ça me fait au mois des contacts plaisants!
Néanmoins, ce n'est que partie remise puisque j'en visite un autre ce soir et demain matin dans des quartiers potentiellement bien intéressants! On verra bien!!
À bientôt!!!
Voici un petit topo des appartements que j'ai visité à date:
Mercredi : le condo de jeune professionnel. Première visite, un appartement à 390$/mois situé à distance de marche de mon campus universitaire. Premier constat: c'est en fait une haute tour des années 1970 entourée de clôtures et gardée par un concierge à qui on doit décliner nom et raison de la visite... J'ai rendez-vous au 18e étage. Le gars, Jonathan, fin vingtaine, me reçoit chaleureusement pendant que son petit chien me saute dessus. On s'asseoir au salon, qui a une vue imprenable sur le centre-ville. L'appartement est bien, mais la chambre est très petite petite (bien qu'elle ait une superbe vue sur les Andes). Conclusion: c'est bien mais un peu cher pour ce que c'est (c'est aussi l'avis de Tirso), un peu impersonnel également. D'autant plus que le gars me dit qu'il a une personne très intéressée qui va sûrement prendre la chambre. Je lui dis donc poliment que je le rappellerai.
Jeudi : l'auberge de hippies. Seconde visite, dans le quartier universitaire cette fois. Un peu plus loin de l'université, mais acceptable quand même parce que ça se marche aussi. L'endroit est situé au fond d'une petite allée transformée en jardin rejoignant de vieilles maisons coloniales, souvenir d'une époque qui s'évapore à toute vitesse dans ce quartier où poussent de hautes tours à condos à tous les coins de rue. Le propriétaire des lieux, Francisco, coiffé à la rasta, me reçoit en jogging avec un grand sourire aux lèvres. Il me jase pêle-mêle de son amour pour la nature, le partage des choses, les conversations avec les gens et les autochtones chiliens (les Mapuche). Il me fait visiter la chambre, qui est bien sale, draps y compris, avec en prime une coquerelle morte en plein milieu des lieux. Une immense fenêtre qui ferme mal donne sur l'allée (je suis au niveau du sol), ce qui promet pour l'hiver qui s'en vient ici dans 2 mois. Francisco me rassure en disant que je pourrai payer pour une estufa, ou chaufferette... au gaz propane. À Santiago, la plupart des habitations n'ont pas de chauffage central et l'électricité coûte cher, alors il est courant que les gens se chauffent avec des chaufferettes au gaz, avec tous les risques que ça inclut! Bref, je suis pas trop partant. Le reste de la place est aussi sale, notamment la cuisine. Par contre, les gens sont super sympa. Pour la plupart des étrangers, quelques Françaises, qui vivent là depuis quelques mois (et semblent avoir de bien meilleures chambres que la mienne!) Pour quelques jours, je resterais clairement là, mais pour 4 mois... non. Ça ne vaut clairement pas les 350$/mois demandés! Je remercie Francisco, qui tient à me préciser que je peux fumer du pot et faire la fête dans la maison si je veux... Bien aimable en tout cas! J'ai une autre visite dans la journée: la casita féministe. Alors ça, sur papier, c'est intéressant! Situé dans le magnifique quartier Concha y Toro, c'est un appart avec terrasse sur 2 étages. Wow! Sur place, je me rends compte que c'est au 2e étage de la section locale d'une organisation qui héberge des femmes. Pourquoi pas? Tamara me fait visiter l'appartement: il est bien sympa, quoiqu'un peu sale. Je croise sa coloc, visiblement lesbienne, qui m'ignore pratiquement et passe en bobettes monter à sa chambre mettre de la musique à fond et fumer... Tamara m'informe aussi qu'elle a un chien (quelle joie...) mais que c'est sa mère qui le garde présentement. Deux chambres me sont offertes: l'une minuscule avec une fenêtre qui refuse de s'ouvrir, l'autre plus grande et bien mieux éclairée. J'hésite... L'ambiance est correcte, bien que pas extraordinaire, mais je pense que je serais tout de même bien ici... Je lui dis finalement que si j'avais à choisir je prendrais la chambre la plus grande. Je lui dis que je resterais jusqu'à juillet: elle m'informe alors qu'elle cherche pour plus longtemps et me dit qu'elle me rappellera pour me dire si finalement je pourrais rester moins longtemps... Ce sera finalement non!
Samedi: L'appart haut de gamme à Las Condes. Un ami d'une amie, Miguel Angel, avec qui je vais dîner ce samedi m'a fait part plus tôt cette semaine qu'il a une amie qui sous-loue une chambre dans son appart. C'est à Las Condes: Miguel Angel m'assure que s'il avait l'argent, c'est là qu'il vivrait, que c'est le meilleur quartier de la ville. Je ne demande qu'à le croire et je vais donc visiter. Comme je vous l'ai déjà dit, Las Condes, c'est le quartier super riche de Santiago. Dès mon premier contact avec les rues vides mais TELLEMENT sécuritaires de Las Condes, je sens que ce quartier n'est pas pour moi. Plus je m'éloigne du métro et plus je m'ennuie dans cette partie sans vie de la capitale chilienne, où les pelouses sont d'un vert parfait et les maisons irréprochables. On se croirait en banlieue! Les Mercedes, les Lexus et les BMW conduites par des hommes ventrus et d'élégantes dames me dépassent alors que marche sur des trottoirs vides en croisant de temps à autre des panneaux m'indiquant que le secteur est surveillé par caméra. J'arrive finalement en face de l'immeuble: dès mon entrée (surveillée par concierge), j'ai la curieuse impression d'être revenu à Rosemère, au condo de ma grand-mère. Les gens qui m'accueillent sont aussi de sympathiques jeunes professionnels, qui habitent un très bel appart, certes. Ils m'avertissent que je ne pourrai pas vraiment faire de fêtes, puisque les gens qui vivent ici sont plus âgés qu'eux (quelle surprise!). Reste que la vie de quartier s'approche dangereusement du néant. En plus, je suis à 10 minutes du métro, et encore bien loin de l'université en métro. Par contre, la chambre est bien, le prix n'est pas mal: 350$/mois, ce qui est très correct pour ce qui est offert. Bref, ça demeure une option, mais idéalement ce n'est pas là du tout que j'habiterais!!
Dimanche: la maison des artistes de Providencia. Une amie m'avait mis en contact avec un ami chilien à elle, Roger, qui louait des chambres dans un hostel. Comme je le contacte, il me dit de le rejoindre chez lui. Il habite dans Providencia, un autre beau quartier de la ville. Encore traumatisé par mon expérience à Las Condes, je me persuade que ça va être mieux comme quartier et que ce n'est peut-être pas si pire, vivre en hostel pour 4 mois. Surprise: d'abord, effectivement, le quartier est un peu mieux. Ça reste un peu vide tout de même, mais cette fois, il y a des gens sur le trottoir et même quelques magasins. La maison de Roger est situé au bout d'une belle allée. Grand, le crâne rasé, Roger m'accueille gentiment. Il est peintre: sa maison est pleine d'oeuvres d'art qu'il a peint lui-même. Son colocataire est sculpteur (!) et réalise des oeuvres comme des éléphants peints en turquoise qu'il expose aussi partout dans la maison. Roger vit aussi avec sa blonde, qui est très aimable. La maison en soi est super bien, au point où c'est sérieusement un option. Par contre, c'est un peu loin du métro et on n'a pas vraiment non plus l'impression d'être en ville: c'est un peu comme vivre à Ste-Thérèse, avec le métro pas trop loin comme unique différence. Ce n'est pas exactement ce que je veux, je préférerais être plus central, mais ça pourrait faire l'affaire, d'autant plus que c'est à 350$/mois... À suivre donc...
Lundi: L'appart des actrices. Alors que je ne l'espérais plus, je reçois dimanche une réponse de Sandra, qui sous-loue une chambre dans son magnifique appart de Bellas Artes, en plein centre de la ville et à distance de marche de l'université. Situé dans un immeuble des années 1960, l'endroit est déciment magnifique: deux immenses terrasses, plein de lumière, une chambre super bien, cuisine et salle de bain impeccables, et admirablement situé en plus. En outre, mes colocs, deux actrices de la fin vingtaine, sont gentilles comme tout, tout comme le copain de l'une d'entre elles avec qui ça clique tout de suite. Ça vaut amplement les 390$/mois qu'on me demande. C'est dit, je prends! Drame: il y a quelqu'un d'autre, un ami personnel d'une des filles, qui a priorité et qui leur a promis une réponse aujourd'hui. S'il ne le prend pas, alors il me loueront la chambre, mais autrement, non. C'est bien compréhensible, mais un peu dommage parce que, finalement, je reçois la réponse comme quoi l'ami a finalement décidé de vivre avec eux! Déception, donc, parce que c'était de loin l'un des meilleurs appartements que j'aie visité à date! Ils m'ont toutefois dit qu'ils aimeraient bien qu'on aille prendre un bière ou sortir un de ces jours, donc ça me fait au mois des contacts plaisants!
Néanmoins, ce n'est que partie remise puisque j'en visite un autre ce soir et demain matin dans des quartiers potentiellement bien intéressants! On verra bien!!
À bientôt!!!
dimanche 10 mars 2013
Santiago!
Salut!!!
À la demande générale, voici donc un blog qui couvrira ma session au Chili! Autant vous avertir tout de suite, je ne risque pas d'être très assidu dans la publication de messages, mais ce sera au moins ça!!
Dans quelques heures, il y aura une semaine que je suis à Santiago! J'en profite donc pour vous décrire ma première journée, celle où j'ai fait connaissance avec le Chili. Je suis arrivé lundi dernier (le 4 mars), grosso modo vers midi, après un vol sans histoire en l'agréable compagnie de religieuses âgées (l'une d'entre elles avait d'ailleurs piqué mon siège: comme quoi il ne faut faire confiance à personne, même pas à une religieuse péruvienne de 75 ans haut de 5 pieds. Dans ma grande bonté, j'ai fait acte de charité et j'ai troqué mon hublot pour une place dans l'allée, celle qu'aurait dû occuper la bonne soeur kleptomane, au grand bonheur de cette dernière.) Pas sûr de comprendre pourquoi mais quand je voyage seul en avion, je me retrouve toujours en compagnie de gens d'Église. La dernière fois, quand j'avais été à Bruxelles, j'avais comme voisin un prêtre qui m'avait jasé ça pratiquement tout le long du voyage!
Bref, une fois les formalités douanières effectuées à Santiago, j'ai pu sortir de l'aéroport vers 14h. À l'extérieur, il fait 25 degrés et le soleil plombe comme souvent dans cette partie semi-aride du Chili. Au loin, on distingue les hauts sommets de la cordillère des Andes. Première remarque: peu de chauffeurs de taxi gosssants attendent le touriste de pied ferme au terminal des voyageurs. En effet, seuls deux d'entrent eux lancent de bien faibles "Taxi?" à mon attention. Je ne suis pas au tiers-monde, c'est maintenant officiel. Et pour cause: le Chili est un pays riche pour les standards de l'Amérique latine et même pour ceux du monde (il fait partie de l'OCDE!). Mon voyage dans l'autobus vers le centre-ville le confirme: les autoroutes qu'on emprunte sont impeccables, elles ne sont pas encombrées de vieux tacots ou d'ânes tirant des charrettes (au contraire, il y a plein de voitures neuves), on traverse de nombreuses zones industrielles ultra-modernes, des banlieues aux coquettes maisons en rangées... Suis-je bien en Amérique du Sud? Et puis on arrive aux franges de la ville, où habitent les habitants les moins aisés de Santiago : pas de bidonvilles mais des maisons basses un peu décrépites à l'architecture européenne typique de l'Amérique latine, des barreaux aux fenêtres et des grilles de fer forgé aux portes, des petits magasins (dépanneurs, magasins de vêtement, magasins de vente de cellulaires, etc.), des restaurants populaires, des ateliers de réparation, des terrains vagues, des rues étroites, des trottoirs carrelés défoncés de temps à autre et parsemés par-ci par-là de crottes de chien, des chiens errants, plein de monde... Tout compte fait, je suis bien en Amérique latine!!! J'arrive au terminal d'une station d'autobus sans trop savoir où je suis: je m'attendais à arriver au centre-ville et, apparemment, j'en suis plutôt loin! Heureusement, la gare routière jouxte une station de métro. On m'avait dit bien du mal sur le métro bondé de Santiago: force est de constater que, oui, il est bien souvent plein à craquer, mais ça n'a tout de même rien à voir avec Shanghai! Très moderne, le métro de Santiago est aussi un bon endroit pour observer les Chiliens, qui ont généralement le profil latino qu'on s'attend à voir en allant au sud des États-Unis, bien qu'une proportion appréciable ait la peau claire. Peu de noirs, presqu'aucun asiatique : la relative richesse du Chili en fait une terre d'immigration pour les Péruviens, les Colombiens ou les Boliviens, mais ça ne s'étend pas au-delà!
En attendant que Tirso, l'ami d'une amie chez qui je vais dormir en attendant de trouver un appartement, finisse de travailler, je vais passer le temps sur une terrasse d'un super café métro Bellas Artes, en plein centre de Santiago. Que vous dire sur la ville? D'abord, qu'ici la vie est chère: les prix sont disons les 3/4 de ce qu'ils sont au Canada. Rien à voir avec la Bolivie voisine, où on mange pour 1$ ou 2$! Ça monte facilement à 5-10$ le repas et l'épicerie pratique des prix qui n'ont rien à envier aux nôtres (à peine moins chers). Bon ça reste moins cher mais ce n'est pas super économique! Ensuite, Santiago est une ville très étendue et présentant des visages très différents selon l'endroit où on se trouve. La ville n'est limitée à l'est que par la Cordillère des Andes. À l'est se trouvent les quartiers les plus riches, Las Condes et Providencia, des havres pour riches où roulent des BMW et des Mercedes neuves dans des rues impeccables surveillées par caméras. Le quartier des affaires s'y trouve, les grands bâtiments (dont la plus haute tour d'Amérique du Sud) aussi, les résidences les plus belles et les plus sécuritaires (et les plus chères) s'y trouvent et pour les Santiagüinos, c'est l'endroit où on aspire à rester. Reste que... c'est plutôt dull. J'ai visité un appart à Las Condes: oui, c'est sécuritaire, mais tout le quartier est aseptisé! Il n'y a que des (jolies) résidences, personne dans les rues, le supermarché le plus proche est dans un centre d'achat où il n'y a que des grandes marques... Bref, c'est comme habiter à Ville Mont-Royal, mettons : c'est bien beau, tu es en "ville" mais c'est pas trop excitant! Immédiatement à l'ouest de Providencia se trouve le centre de Santiago, composé des quartiers Santiago Centro, Bellavista et Lastarria. C'est un coin vraiment bien, plein de cafés, de bars, de restaurants, de magasins, de musées, d'églises et d'institutions comme mon université, la Pontificia Universidad Catolica de Chile! Bellavista, en particulier, c'est LE quartier étudiant pour prendre un verre: il y a des bars et des clubs partout! Bien sympa en tout cas! Le centre de Santiago prend fin à l'autoroute centrale: de l'autre côté commence Barrio Brasil, Concha y Toro et plus à l'ouest, Barrio Yungay. Autrefois l'endroit où habitaient les riches familles de Santiago, ces quartiers se sont peu à peu mués en quartiers populaires. Les résidences à la magnifique architecture coloniale et européenne sont plus décrépites et sont de plus en plus occupées par des immigrants d'Amérique du Sud. C'est un quartier génial pour déambuler au gré des petites rues pleines de grands arbres parsemées de vieilles maisons! On y trouve de grandes places et des parcs pleins de familles et d'enfants. Il y a aussi d'excellents et nombreux bars et restos dans Barrio Brasil. Bref, c'est le Santiago "populaire" qui a aussi son pendant côté sécurité: on y trouve apparemment la nuit une petite délinquance. Rien de bien stressant: des jeunes qui boivent dans la rue, quelques vols à la tire... Mais assez pour qu'une ville sûre (le taux de criminalité à Santiago est quatre fois moins élevé qu'aux États-Unis) trouve que c'est moins recommandable! Au Sud, passé la Alameda (l'équivalent santiagüino de St-Laurent) se trouve le quartier universitaire (il y a un million d'universités différentes à Santiago) et des communes pantouflardes comme Ñuñoa et Macul. Aux limites de la ville se trouvent les quartiers véritablement peu sécuritaires, où se concentrent les populations pauvres de la ville. Voilà pour le portrait général de Santiago!
Vers les 19 heures, je me suis donc mis en route vers l'appart de Tirso, situé au tout début de Barrio Brasil. J'ai croisé en chemin la grande cathédrale de Santiago et la Plaza de Armas, une grande place sud-américaine typique pleine d'arbres, de fontaines et de badauds. J'ai ensuite rencontré Tirso dans le hall d'entrée de son immeuble! Tirso est prof de technique en cinéma et en film (et photographe professionnel pour les mariages à ses heures) dans un institut d'enseignement supérieur rattaché à mon université. Il habite un petit appartement avec balcon dans un grand complexe immobilier (complet avec cour intérieure et piscine!). Il est super fin, son accent est compréhensible (!) et on s'est immédiatement bien entendus! Ça fait donc une semaine que je couche sur le divan-lit chez lui! En bon hôte, Tirso a d'abord voulu me faire visiter son quartier. On a donc été d'abord mangé dans un resto qui sert de la bouffe typiquement chilienne! On a commandé deux énormes sandwichs à la viande! Surprise: entre les deux tranches de pain se trouvent de la viande émincée, des tomates et... une tonne de fèves vertes bouillies froides! Surprenant mais vraiment bon! Autre belle surprise: la bière ici est bonne et variée! Ça a beau être le pays du vin ici, les immigrants allemands ont tout de même donné au Chili la joie de pouvoir brasser autre chose que la bière blonde type Budweiser qu'on retrouve partout ailleurs en Amérique latine (et dans le monde): il y a en effet de bonnes bières rousses et même noires! Suite à notre festin, on a été déambuler de nuit dans Barrio Brasil et dans Concha y Toro. Ce dernier quartier est particulièrement spectaculaire, formé d'un dédale de vieilles rues avec des pavés au détour desquelles se trouvent de jolies places avec fontaines faisant face à d'orgueilleuses demeures coloniales. Barrio Brasil était quant à lui vibrant de vie, avec ses bars et ses places remplies de monde! De temps à autre, on croise un bâtiment condamné, comme cette immense cathédrale aux murs lézardés où poussent de la végétation et au toit effondré. Tirso m'a dit que lors du tremblement de terre de 2010 (qui a fortement touché Concepcion, une autre grande ville du Chili), certains immeubles se sont détériorés au point de les rendre dangereux. L'argent manquant dans un quartier plus populaire comme Barrio Brasil, on a choisi de condamner plutôt que de rénover... en attendant d'incertaines subventions! Parce qu'au Chili, il y a des tremblements de terre à la tonne: en moyenne un par jour, mais souvent trop faibles pour qu'on les ressente. J'attends encore mon baptême du feu!
En revenant vers chez Tirso, on a croisé des chiens errants. À Santiago, il y en a beaucoup. Mais beaucoup là. Et pas des chihuahuas: on parle de chiens du calibre de bergers allemands! Généralement, il mordent rarement, trop occupés à dormir sur les trottoirs, à trotter en meutes de 3-4 chiens dans les rues ou à se japper après. Heureusement qu'ils sont plutôt apathiques, parce que des chiens errants ayant le caractère de ceux des Stans auraient vraiment été désagréables! En fait, il y a autant de chiens (et c'est pire dans les quartiers populaires) parce que les programmes de stérilisation sont déficients ou inexistants...
Voici donc ce qui conclut mon premier regard sur le Chili! À bientôt!!
À la demande générale, voici donc un blog qui couvrira ma session au Chili! Autant vous avertir tout de suite, je ne risque pas d'être très assidu dans la publication de messages, mais ce sera au moins ça!!
Dans quelques heures, il y aura une semaine que je suis à Santiago! J'en profite donc pour vous décrire ma première journée, celle où j'ai fait connaissance avec le Chili. Je suis arrivé lundi dernier (le 4 mars), grosso modo vers midi, après un vol sans histoire en l'agréable compagnie de religieuses âgées (l'une d'entre elles avait d'ailleurs piqué mon siège: comme quoi il ne faut faire confiance à personne, même pas à une religieuse péruvienne de 75 ans haut de 5 pieds. Dans ma grande bonté, j'ai fait acte de charité et j'ai troqué mon hublot pour une place dans l'allée, celle qu'aurait dû occuper la bonne soeur kleptomane, au grand bonheur de cette dernière.) Pas sûr de comprendre pourquoi mais quand je voyage seul en avion, je me retrouve toujours en compagnie de gens d'Église. La dernière fois, quand j'avais été à Bruxelles, j'avais comme voisin un prêtre qui m'avait jasé ça pratiquement tout le long du voyage!
Bref, une fois les formalités douanières effectuées à Santiago, j'ai pu sortir de l'aéroport vers 14h. À l'extérieur, il fait 25 degrés et le soleil plombe comme souvent dans cette partie semi-aride du Chili. Au loin, on distingue les hauts sommets de la cordillère des Andes. Première remarque: peu de chauffeurs de taxi gosssants attendent le touriste de pied ferme au terminal des voyageurs. En effet, seuls deux d'entrent eux lancent de bien faibles "Taxi?" à mon attention. Je ne suis pas au tiers-monde, c'est maintenant officiel. Et pour cause: le Chili est un pays riche pour les standards de l'Amérique latine et même pour ceux du monde (il fait partie de l'OCDE!). Mon voyage dans l'autobus vers le centre-ville le confirme: les autoroutes qu'on emprunte sont impeccables, elles ne sont pas encombrées de vieux tacots ou d'ânes tirant des charrettes (au contraire, il y a plein de voitures neuves), on traverse de nombreuses zones industrielles ultra-modernes, des banlieues aux coquettes maisons en rangées... Suis-je bien en Amérique du Sud? Et puis on arrive aux franges de la ville, où habitent les habitants les moins aisés de Santiago : pas de bidonvilles mais des maisons basses un peu décrépites à l'architecture européenne typique de l'Amérique latine, des barreaux aux fenêtres et des grilles de fer forgé aux portes, des petits magasins (dépanneurs, magasins de vêtement, magasins de vente de cellulaires, etc.), des restaurants populaires, des ateliers de réparation, des terrains vagues, des rues étroites, des trottoirs carrelés défoncés de temps à autre et parsemés par-ci par-là de crottes de chien, des chiens errants, plein de monde... Tout compte fait, je suis bien en Amérique latine!!! J'arrive au terminal d'une station d'autobus sans trop savoir où je suis: je m'attendais à arriver au centre-ville et, apparemment, j'en suis plutôt loin! Heureusement, la gare routière jouxte une station de métro. On m'avait dit bien du mal sur le métro bondé de Santiago: force est de constater que, oui, il est bien souvent plein à craquer, mais ça n'a tout de même rien à voir avec Shanghai! Très moderne, le métro de Santiago est aussi un bon endroit pour observer les Chiliens, qui ont généralement le profil latino qu'on s'attend à voir en allant au sud des États-Unis, bien qu'une proportion appréciable ait la peau claire. Peu de noirs, presqu'aucun asiatique : la relative richesse du Chili en fait une terre d'immigration pour les Péruviens, les Colombiens ou les Boliviens, mais ça ne s'étend pas au-delà!
En attendant que Tirso, l'ami d'une amie chez qui je vais dormir en attendant de trouver un appartement, finisse de travailler, je vais passer le temps sur une terrasse d'un super café métro Bellas Artes, en plein centre de Santiago. Que vous dire sur la ville? D'abord, qu'ici la vie est chère: les prix sont disons les 3/4 de ce qu'ils sont au Canada. Rien à voir avec la Bolivie voisine, où on mange pour 1$ ou 2$! Ça monte facilement à 5-10$ le repas et l'épicerie pratique des prix qui n'ont rien à envier aux nôtres (à peine moins chers). Bon ça reste moins cher mais ce n'est pas super économique! Ensuite, Santiago est une ville très étendue et présentant des visages très différents selon l'endroit où on se trouve. La ville n'est limitée à l'est que par la Cordillère des Andes. À l'est se trouvent les quartiers les plus riches, Las Condes et Providencia, des havres pour riches où roulent des BMW et des Mercedes neuves dans des rues impeccables surveillées par caméras. Le quartier des affaires s'y trouve, les grands bâtiments (dont la plus haute tour d'Amérique du Sud) aussi, les résidences les plus belles et les plus sécuritaires (et les plus chères) s'y trouvent et pour les Santiagüinos, c'est l'endroit où on aspire à rester. Reste que... c'est plutôt dull. J'ai visité un appart à Las Condes: oui, c'est sécuritaire, mais tout le quartier est aseptisé! Il n'y a que des (jolies) résidences, personne dans les rues, le supermarché le plus proche est dans un centre d'achat où il n'y a que des grandes marques... Bref, c'est comme habiter à Ville Mont-Royal, mettons : c'est bien beau, tu es en "ville" mais c'est pas trop excitant! Immédiatement à l'ouest de Providencia se trouve le centre de Santiago, composé des quartiers Santiago Centro, Bellavista et Lastarria. C'est un coin vraiment bien, plein de cafés, de bars, de restaurants, de magasins, de musées, d'églises et d'institutions comme mon université, la Pontificia Universidad Catolica de Chile! Bellavista, en particulier, c'est LE quartier étudiant pour prendre un verre: il y a des bars et des clubs partout! Bien sympa en tout cas! Le centre de Santiago prend fin à l'autoroute centrale: de l'autre côté commence Barrio Brasil, Concha y Toro et plus à l'ouest, Barrio Yungay. Autrefois l'endroit où habitaient les riches familles de Santiago, ces quartiers se sont peu à peu mués en quartiers populaires. Les résidences à la magnifique architecture coloniale et européenne sont plus décrépites et sont de plus en plus occupées par des immigrants d'Amérique du Sud. C'est un quartier génial pour déambuler au gré des petites rues pleines de grands arbres parsemées de vieilles maisons! On y trouve de grandes places et des parcs pleins de familles et d'enfants. Il y a aussi d'excellents et nombreux bars et restos dans Barrio Brasil. Bref, c'est le Santiago "populaire" qui a aussi son pendant côté sécurité: on y trouve apparemment la nuit une petite délinquance. Rien de bien stressant: des jeunes qui boivent dans la rue, quelques vols à la tire... Mais assez pour qu'une ville sûre (le taux de criminalité à Santiago est quatre fois moins élevé qu'aux États-Unis) trouve que c'est moins recommandable! Au Sud, passé la Alameda (l'équivalent santiagüino de St-Laurent) se trouve le quartier universitaire (il y a un million d'universités différentes à Santiago) et des communes pantouflardes comme Ñuñoa et Macul. Aux limites de la ville se trouvent les quartiers véritablement peu sécuritaires, où se concentrent les populations pauvres de la ville. Voilà pour le portrait général de Santiago!
Vers les 19 heures, je me suis donc mis en route vers l'appart de Tirso, situé au tout début de Barrio Brasil. J'ai croisé en chemin la grande cathédrale de Santiago et la Plaza de Armas, une grande place sud-américaine typique pleine d'arbres, de fontaines et de badauds. J'ai ensuite rencontré Tirso dans le hall d'entrée de son immeuble! Tirso est prof de technique en cinéma et en film (et photographe professionnel pour les mariages à ses heures) dans un institut d'enseignement supérieur rattaché à mon université. Il habite un petit appartement avec balcon dans un grand complexe immobilier (complet avec cour intérieure et piscine!). Il est super fin, son accent est compréhensible (!) et on s'est immédiatement bien entendus! Ça fait donc une semaine que je couche sur le divan-lit chez lui! En bon hôte, Tirso a d'abord voulu me faire visiter son quartier. On a donc été d'abord mangé dans un resto qui sert de la bouffe typiquement chilienne! On a commandé deux énormes sandwichs à la viande! Surprise: entre les deux tranches de pain se trouvent de la viande émincée, des tomates et... une tonne de fèves vertes bouillies froides! Surprenant mais vraiment bon! Autre belle surprise: la bière ici est bonne et variée! Ça a beau être le pays du vin ici, les immigrants allemands ont tout de même donné au Chili la joie de pouvoir brasser autre chose que la bière blonde type Budweiser qu'on retrouve partout ailleurs en Amérique latine (et dans le monde): il y a en effet de bonnes bières rousses et même noires! Suite à notre festin, on a été déambuler de nuit dans Barrio Brasil et dans Concha y Toro. Ce dernier quartier est particulièrement spectaculaire, formé d'un dédale de vieilles rues avec des pavés au détour desquelles se trouvent de jolies places avec fontaines faisant face à d'orgueilleuses demeures coloniales. Barrio Brasil était quant à lui vibrant de vie, avec ses bars et ses places remplies de monde! De temps à autre, on croise un bâtiment condamné, comme cette immense cathédrale aux murs lézardés où poussent de la végétation et au toit effondré. Tirso m'a dit que lors du tremblement de terre de 2010 (qui a fortement touché Concepcion, une autre grande ville du Chili), certains immeubles se sont détériorés au point de les rendre dangereux. L'argent manquant dans un quartier plus populaire comme Barrio Brasil, on a choisi de condamner plutôt que de rénover... en attendant d'incertaines subventions! Parce qu'au Chili, il y a des tremblements de terre à la tonne: en moyenne un par jour, mais souvent trop faibles pour qu'on les ressente. J'attends encore mon baptême du feu!
En revenant vers chez Tirso, on a croisé des chiens errants. À Santiago, il y en a beaucoup. Mais beaucoup là. Et pas des chihuahuas: on parle de chiens du calibre de bergers allemands! Généralement, il mordent rarement, trop occupés à dormir sur les trottoirs, à trotter en meutes de 3-4 chiens dans les rues ou à se japper après. Heureusement qu'ils sont plutôt apathiques, parce que des chiens errants ayant le caractère de ceux des Stans auraient vraiment été désagréables! En fait, il y a autant de chiens (et c'est pire dans les quartiers populaires) parce que les programmes de stérilisation sont déficients ou inexistants...
Voici donc ce qui conclut mon premier regard sur le Chili! À bientôt!!
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