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vendredi 29 mars 2013

Les cours!

Salut!

Je me rends compte que ça fait un bon moment que je n'ai pas publié de message! Il y a une bonne raison à tout ça: mes cours! Je vous fait un petit récapitulatif des cours que je suis et de comment c'est, suivre des cours de maîtrise à la Catolica!

D'abord, première chose: je suis 4 cours, répartis du lundi au mercredi, et ayant lieu entre 18h30 et 22h. J'ai donc 2 cours le lundi (18h30 à 21h30), un autre le mardi (20h à 22h) et un dernier le mercredi (20h à 21h30). Vous aurez remarqué que les cours durent en moyenne 1h30-2h, ce qui est nettement moins long que chez nous! Les cours ont lieu le soir pour maximiser la présence des étudiants, étant donné qu'un nombre appréciable de gens travaillent également le jour.

Au vu et au su de ce que je viens d'énoncer, le lecteur avisé va rapidement se rendre compte que 1) je n'ai que 6h30 de cours chaque semaine, ce qui est bien loin du 12h standard du Québec, et 2) qu'une bonne part d'étudiants travaillent à temps plein en plus de faire leurs cours. La conclusion logique à laquelle on en vient est que je vais avoir une session très relaxe. Avant d'arriver ici, je pensais la même chose, et l'expérience à l'étranger de certains de mes amis de maîtrise dans une université d'Argentine semblait vouloir le confirmer. Or, il n'en n'est rien. La Catolica du Chili est la meilleure université hispanophone d'Amérique latine et elle tient à sa réputation! Ainsi, d'abord, dans chacun de mes cours, j'ai à faire une tonne de lectures qui, pour moitié d'entre eux, seront directement matière à examen. C'est malheureux mais compte tenu des travaux à faire, on comprend vite qu'à moins de ne faire que ça à temps plein, il est impossible de faire toutes ces lectures. Je me demande un jour si, en sciences humaines, les professeurs vont réaliser que ça ne sert à rien d'inonder un étudiant de lectures parce qu'aussi intéressantes soient-elles, personne ne va les lire s'il faut consacrer 2 jours entiers pour en faire le tour! Il suffirait de s'en tenir à 2-3 textes, quitte à les analyser à fond... Enfin. Ensuite, c'est surtout au niveau des évaluations que le bât blesse particulièrement. D'ici la fin de la session, j'ai:

- 3 travaux de 15 pages à faire (dont 2 en espagnol et heureusement 2 en équipe);
- 3 présentations orales (toutes en espagnol, dont une de 15 minutes);
- 6 examens take-home d'environ 10 pages chacun (dont 2 en espagnol);
- 4 examens partiels ou finaux (dont un examen oral, en espagnol naturellement);
- 2 analyses de cas à faire en équipe en classe nécessitant la production d'un résumé de 5 pages chacun.

Ajoutons à ça le fait que je travaille à temps partiel à distance comme assistant de recherche pour mon directeur d'essai à l'Université Laval et que je dois également terminer mon essai... Ah et que je travaille aussi pour le Congrès national chilien (l'équivalent de leur Assemblée nationale), ce dont je vous reparlerai plus tard! Disons que je m'attendais à être plus tranquille ici du point de vue des cours! Remarquez, j'ai choisi de venir au Chili justement parce que l'expérience de mes amis en Argentine les avait déçu d'un point de vue académique... Ils avaient beau avoir du temps libre, ils étaient mal encadrés, n'avaient qu'un travail à faire par cours qu'ils pouvaient remettre un an après la fin des cours (!) et le prof pouvait leur remettre les corrections 1 an après la remise de leurs travaux, retardant d'autant leur diplomation (!!!) : bref, le niveau était nettement inférieur à celui de mon programme à l'Université Laval (et un peu ennuyant). Je voulais avoir mieux : disons que j'ai été servi!

Cela dit, mes cours sont généralement super intéressants! Les lundi j'ai d'abord un cours d'Analyse de politique extérieure. Dans ce cours fascinant donné par un historien/politologue chilien, on passe en revue les différentes politiques étrangères des États d'Amérique du Sud (avec un focus sur l'Argentine et le Chili) de même que de certaines grandes puissances (Chine, États-Unis, Union européenne, Inde...). Bien plaisant! Ensuite, j'ai Processus économiques internationaux, avec un prof espagnole, qui passe en revue les différentes instances  économiques gouvernant les relations internationales (par exemple l'OMC) et régionales (par exemple l'Union européenne, l'ASEAN, etc...). C'est un cours mélangeant droit, politique et économie et c'est très intéressant! Le mardi, j'ai un cours de théorie politique contemporaine, qui est en fait un cours sur les différentes idéologies politiques du monde. Le cours est donné par un prof... québécois! Il est très gentil et permet à ses étudiants de faire leurs travaux en espagnol, anglais et français... Disons que je vais en profiter! J'ai été plutôt surpris de voir que dans ce cours, dans le cadre des idéologies conservatrices, nous allons étudier la philosophie politique qui sous-tendait le régime de Pinochet. Ça promet d'être bien intéressant! Enfin, le mercredi, j'ai un cours de Prise de décision politique, un cours avec un sujet très intéressant: il s'agit de comprendre ce qui motive un acteur politique à prendre une décision particulière, compte tenu du contexte et des alternatives possibles. Malheureusement, le professeur qui enseigne ça est en fait un doctorant français qui n'est pas un très bon vulgarisateur et qui, manifestement, est décidément destiné à la recherche plutôt qu'à l'enseignement. Son incapacité à donner fréquemment des exemples concrets à la théorie rend le tout un peu lourd disons... Enfin, il est bien gentil tout de même. J'ai donc 2 cours donnés par des francophones... ce qui est tout de même cocasse!

En ce qui concerne la langue, pas de problème à comprendre tout ce que le prof dit! D'autant plus que, sur 4 profs, 2 n'ont pas l'espagnol comme langue maternelle (ce qui facilite ma compréhension) et une autre vient d'Espagne (et par conséquent son espagnol est facile à comprendre). Le prof chilien est définitivement celui qui me demande le plus d'attention, d'autant plus qu'il ne parle pas fort! Je vous reparlerai de l'espagnol du Chili, qui est particulier!

Voilà pour mes cours donc! Là présentement c'est le congé de Pâques mais j'ai un gros take-home à faire pour lundi, donc pas question de partir quelques jours visiter une autre ville....

Un mot sur les étudiants de maîtrise: ils sont super fins! La grande majorité d'entre eux sont Chiliens, mais il y a également des étudiants du Honduras, du Mexique, de Bolivie, de Belgique et du Brésil qui font toute leur maîtrise ici. Quant aux étudiants en échange, à la maîtrise en science po, à part moi, il n'y a qu'une autre personne, une Suédoise. Rapidement, je me suis lié d'amitié avec le petit groupe qui gravite autour d'Alexandra, la belge wallonne (et donc francophone) qui étudie ici et avec qui ça a tout de suite cliqué. Au sein de cette petite bande il y a la Mexicaine, super gentille, qui m'a adopté tout de suite et me gratifie d'un "Hola lindo!" à chaque fois que je la vois (au Québec, dire "salut mon beau" à un ami serait interprété bizarrement, mais dans le monde hispanophone c'est simplement une familiarité usuelle entre amis... tout le monde se dit ça!). Il y a aussi quelques Chiliens "de muy buena onda" (bien sympas), bref c'est plutôt agréable! Par ailleurs, je me suis aussi lié d'amitié avec le Bolivien (qui m'a d'ailleurs invité chez lui à Sucre "quand je voudrai"!) et avec Jaime, un Chilien bien sympathique qui m'a invité à manger chez lui hier (c'était une expérience en soi: il y avait lui, sa mère (plutôt âgée: elle aurait pu être sa grand-mère) et sa "nana", ou bonne/cuisinière (très commun au Chili d'avoir un domestique, au moins à temps partiel). Naturellement c'était excellent, on a mangé énormément de spécialités chiliennes, le tout à 15h comme il se doit ici.  C'était bien sympa, donc!) Enfin, je suis aussi devenu ami avec Cecilia, la Suédoise, avec qui on partage nos expériences d'étudiants étrangers!

Pour finir, l'anecdote du jour: la salle Jaime Guzman. Deux de mes cours ont lieu dans cette salle de classe de la Casa central. Qui était Jaime Guzman? Avant d'entrer dans le premier cours de Théorie politique contemporaine, je n'en savais strictement rien et, très franchement, il m'importait peu que je découvre qu'il s'agisse d'un obscur professeur émérite/doyen/donateur de l'Université Catolica. Alors que nous passons en revue le plan de cours, le professeur québécois qui enseigne le cours s'arrête sur la partie consacrée à l'idéologie conservatrice dans les régimes autoritaires. Puisque nous sommes au Chili, l'exemple de la dictature de Pinochet se prête particulièrement bien à l'exercice. Le prof nous annonce donc que nous allons lire des textes sur le mouvement gremialista , idéologie politique qui sous-tendait le régime militaire d'extrême-droite de Pinochet. Or, l'auteur phare de ce mouvement n'est nul autre que... Jaime Guzman, conseiller politique de Pinochet,  qui va activement soutenir le régime en nommant des sympathisants à tous les postes de l'administration publique et relativisera les grandes entorses aux droits humains (et notamment les exécutions et la torture d'opposants politiques) comme étant le "coût objectif" de toute révolution... Après la fin de la dictature, il enseignera à la Catolica mais sa position d'idéologue de la junte lui vaudra d'être assassiné après l'un de ses cours. Comme le prof nous fait remarquer, avec un brin de moquerie et d'ironie, la Catolica a choisi son camp: la salle dans laquelle nous nous trouvons porte le nom d'un des grands collaborateurs de Pinochet, et non, par exemple, celui de Salvador Allende, le président de gauche démocratiquement élu et renversé en 1973 par le régime militaire. Pour vous donner une idée, c'est un peu comme si une salle de cours en Allemagne s'appelait la salle Hermann Goering ou Heinrich Himmler! Bref, disons que c'est spécial. Ça a beau être un prof de la Catolica, disons que c'est un personnage controversé, pour être politiquement correct. Ça en dit long sur le conservatisme de mon université, traditionnellement de droite et reposant sur la moralité chrétienne! Au Chili par contre, la société reste très divisée sur la question de la dictature et Pinochet a encore des fans (et pas mal plus qu'on pense). Je vous en reparlerai!

À bientôt!!



6 commentaires:

  1. Y avait-il des sceptiques sur le sérieux de ce voyage d'études? Les voilà confondus.
    En ce samedi pascal;-) j'ai combiné pancho-colat et Chili et obtenu des résultats intéressants: le chili au chocolat ou au cacao, pour ceux qui brunchent demain.
    K

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  2. Salut François

    Je vois que tu es et seras bien occupé! Vive les échanges! J'espère que tu auras tout de même un peu de temps pour te déplacer un peu à l'extérieur de Santiago!


    Passe une belle fin de semaine!

    Pops!

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  3. Bonjour François,
    Je me joins aux fans de ton blog!

    Bonne chance avec toute cette bureaucratie et avec tes cours...C'est un plaisir de te lire, continue d'écrire quand tu le pourras!
    Nicole

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    1. Merci! J'essaierai d'écrire plus souvent, mais je n'ai pas toujours le temps! J'espère que tu vas bien!! Salue Fred et les cousins pour moi! :)

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  4. Ton fil de nouvelles est branché sur les médias français. Voici le son de cloche local (source AFP;-) sur l'événement chilien du jour: http://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201304/11/01-4639985-des-milliers-detudiants-chiliens-dans-la-rue-pour-une-reforme-de-leducation.php

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  5. Je me trompais: je viens de cliquer sur le lien qui mène à l'article de Lysiane Gagnon sur le film No dont j'avais annoncé la sortie ici il y a qq comm.
    K

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