Salut!!!
Voilà près de 2 semaines que je suis arrivé au Chili et je ne vous ai pas encore entretenus sur la raison principale de ma venue ici, c'est à dire les études (non, ce n'est pas juste un voyage! :) ) En fait, j'ai pris contact avec la vie universitaire de ma nouvelle alma mater dès le lendemain de mon à arrivée à Santiago, c'est à dire mardi le 5 mars dernier. C'était effectivement la journée d'accueil à la Pontificia Universidad Catolica de Chile, et les responsables nous attendaient à 9h dans l'un des amphithéâtres du pavillon principal, la Casa central. La Casa central est située en plein coeur de Lastarria, au centre de Santiago, sur la rue principale (la Alameda): autant dire que c'est central, justement! C'est un magnifique ensemble de bâtiments d'architecture coloniale. Une fois à l'intérieur, on tombe d'abord sous le charme de la jolie cour intérieure à l'espagnole, avec végétation, arbres et fontaines! Ah oui, et avec une statue de la Vierge Marie: c'est une université catholique et on ne l'oublie pas! On retrouve aussi la statue de Jean-Paul II dans un autre espace commun, et il y a des crucifix dans chaque classe (sans parler de la salle réservée à la pastorale et aux affiches incitant les jeunes à participer aux célébrations de Pâques). C'est quand même surprenant de voir ça pour quelqu'un comme moi qui a effectué toutes ses études dans les institutions laïques d'enseignement du Québec!
Donc pour la journée d'accueil, on était convié dans un joli amphithéâtre entouré de vieilles bibliothèques. J'y ai rencontré un couple de Français, étudiants à l'Université de Montréal au bac en études internationales! En fait j'avais déjà rencontré le gars au Consulat chilien de Montréal. Comme ils sont bien sympa et que je ne connais personne, on s'asseoit ensemble. Naturellement, ça a commencé en retard de 45 minutes : nous sommes en Amérique latine, tout de même! Après les soporifiques discours des recteurs et autres hauts placés de l'université, nous avons eu droit à 2 vidéos corporatifs plutôt bien faits sur l'université en général et sur la vie étudiante. Suivit ensuite une petite pause (avec café, jus et biscuits dans la cour intérieure, s'il vous plaît) puis ensuite on nous a présenté la Comision de acogida de la Universidad Catolica (CAUC), qui est en fait un groupe d'étudiants qui sont là pour intégrer les étudiants en échange à la vie étudiante! On a appris au même moment qu'il y a beaucoup d'associations d'étudiants, notamment au niveau de l'aide aux personnes seules ou dans le besoin (université catholique, on n'oublie pas!). Ensuite, on a eu droit à une présentation en règle du Chili et des Chiliens, c'était bien intéressant! Je vous parlerai des Chiliens dans un billet séparé, il y a trop à dire! Par la suite, on avait un petit atelier où des étudiants des différentes facultés répondaient à nos questions. La question la plus brûlante était l'inscription. En effet, les cours commençaient officiellement le lendemain, tout comme l'inscription! En fait, selon ce que j'ai compris, on a 2 semaines pour s'inscrire et pour commencer à suivre ses cours, et on peut abandonner/changer de cours sans frais à l'intérieur de ce délai. Au détour d'une question posée à une étudiante, j'ai compris que j'étais à peu près le seul étudiant de 2e cycle en science politique (et également le seul vrai Québécois tout court, les autres étudiants en échange provenant des autres universités du Québec étant tous Français!)! Donc les explications des étudiants ne s'appliquaient pas vraiment à moi! Ainsi, quand je me suis renseigné quant à la marche à suivre au niveau de l'inscription, on m'a dit que je devais immédiatement aller à l'Institut de science politique pour m'inscrire, parce que "ça ne fonctionne pas pareil pour moi". Joie!
Avec les 2 Français et une Torontoise rencontrée lors de l'échange de questions avec les étudiants, on est partis manger dans un petit resto super bon tout près de l'Université puis ensuite, (il est 15h) c'était la partie "morale" de l'accueil des étudiants. Nous avons en effet eu droit à une heure de discours puis d'ateliers en petits groupes sur le thème "les ravages de l'alcool auprès de la population étudiante et comment avoir des habitudes de consommation saine". Disons que c'était un peu... surprenant comme discussion! Ai-je dit que j'étudie dans une université catholique?
Pour la suite des choses, la CAUC nous invitait tous à prendre un verre dans un bar du quartier Bellavista, le quartier branché de Santiago pour sortir (soit dit en passant, le timing était parfait avec les discussions qu'on venait d'avoir sur l'alcool!) Avant par contre, je devais me rendre à l'Institut de science politique pour mon inscription. Je vous reparlerai de mes péripéties bureaucratiques dans un autre billet, mais je fais seulement un parenthèse pour vous parler des autres campus de l'Université! En fait, les campus sont tous éparpillés aux quatre coins de la ville. L'Institut de science politique est situé dans le campus San Joaquin, le plus méridional. Situé loin au sud en métro de la Casa central, c'est un super campus plein d'espaces verts où se trouvent plusieurs facultés, dont celles de sciences sociales. La disposition des bâtiments au sein d'espaces verts fait un peu penser à l'Université Laval en fait! On y accède par une grande allée bordée d'arbres. À l'entrée, une immense statue du Christ rédempteur nous accueille (et depuis l'élection du pape François 1er, une immense affiche à son effigie également!). De chaque côté de l'allée se trouvent les bâtiments de sciences (à droite) et ceux de d'éducation (à gauche). L'allée aboutit sur une grande place au bout de laquelle trône, vous l'aurez deviné, l'église de l'Université (il y a aussi une chapelle à la Casa central apparemment, mais je ne l'ai pas encore trouvée!). À partir de là se trouve à droite un étrange bâtiment en forme de Y vertical, la faculté d'ingénierie et les terrains de sport sont derrière l'église alors que les bâtiments de sciences sociales se trouvent à gauche. Alors que les édifices abritant les sciences sociales sont traditionnellement les plus laids dans les universités du Québec, ici c'est surprenamment joli! Inutile de vous dire que cette section de l'université est aussi la plus militante. Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis 2011, d'énormes grèves étudiantes secouent le Chili en ce qui a trait à l'accessibilité de l'éducation supérieure (pour un Québécois, tout ça n'est pas très dépaysant, il faut avouer!) Si la majorité de la mobilisation a été le fait des années 2011-2012 et s'est affaiblie par la suite (notamment en raison de gains importants obtenus par les étudiants en 2012), certaines franges du mouvement étudiant (comme ici d'ailleurs) ne sont pas satisfaites et continuent encore aujourd'hui de manifester. D'où les immenses affiches en faveur de grèves et de manifestations qui tapissent le grand pavillon des sciences sociales. Considérant que nous sommes dans une université privée, catholique, conservatrice et forcément élitiste compte tenu des droits de scolarité élevés exigés ici, c'est quand même surprenant de voir ce type d'appel à "continuer le combat" ici! On retrouve d'ailleurs à l'entrée du campus San Joaquin un grand graffiti révélateur sur le trottoir: "UC Rebelde"(Universidad Catolica rebelle). Pas si sûr donc que la Catolica ne sera pas touchée par les grèves finalement!
En ce qui concerne les autres campus (il y en a deux autres), je n'ai pas encore eu l'occasion de les visiter mais ça ne saurait tarder!
Je vous laisse sur l'anecdote du jour: le même soir, en sortant du bar où nous avait invité la CAUC, je rentre vers le métro avec un Chilien rencontré un peu plus tôt. Comme je meurs de faim (il est presque 10h et je n'ai pas soupé), on s'arrête en chemin devant un vendeur ambulant pour manger un completo (la version chilienne du hot dog, auquel on ajoute des tomates en dés et surtout beaucoup de purée d'avocat. C'est particulier comme mix!). Un gars, jeune vingtaine, qui attend son hot dog avant nous se met à nous jaser en espagnol. Son accent est bizarre, il n'arrête pas de sacrer (ce qui ne se fait pas aussi ouvertement ici) et est visiblement soûl: bref, il est plutôt cocasse, mais il est assez évident qu'il n'est pas du Chili. Je finis par découvrir qu'il n'est pas chilien mais américain (avec le recul ce n'est pas très suprenant), et il me demande d'où je viens (en anglais parce qu'il croit déceler que je ne suis pas Chilien aussi, du moins pour le moment!). Je lui réponds que je suis canadien et que je viens du Québec. Il me répond alors que c'est impossible, que tous les Québécois ont un accent de marde en anglais et que comme ce n'est pas mon cas (apparemment), ben je peux pas venir du Québec. Mon ami chilien, qui est au courant de mes origines, et moi commençons de plus en plus à trouver ça drôle. En postillonnant, il me dit qu'il va me tester pour vérifier si ce que je dis est vrai. Je souris encore plus: ça va être drôle! Il me demande alors de lui donner la capitale du Québec. Je réponds Québec, naturellement. Il rit et me dit, avec la fierté de celui qui a découvert la vérité, que je ne peux pas être Québécois parce que tout le monde sait que c'est Montréal la capitale du Québec! Je commence par protester mais finalement, comme c'est décidément trop comique, je décide d'entrer dans son jeu et je lui dis qu'il a raison, qu'en fait je suis Chilien et que je viens de Concepcion. De cette assurance qu'ont tous les saoulons lorsqu'ils croient avoir raison, il m'assène alors qu'il le savait et qu'il avait tout de suite vu que je le niaisais depuis le début! Le Chilien et moi avons le sourire fendu jusqu'aux oreilles et éclatons de rire lorsqu'il s'en va en titubant, son hot dog à la main, non sans avoir auparavant goûté à tous les condiments avec ses doigts (soulevant l'ire d'un homme derrière moi qui s'empresse de me dire, en hochant la tête "No se hace, no se hace, que mala educacion!") Bref, on a eu bien du plaisir avec cet Américain saoul, limite désagréable et mal élevé, qui doit désormais penser que les Chiliens prennent plaisir à rire de lui de lui en prétendant être d'une autre nationalité!
À bientôt!!!
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