Salut tout le monde!
Déjà près de trois semaines sans rien écrire, désolé! Ça passe vite! Je suis très pris par mes travaux ces temps-ci, mais je vais prendre un peu de temps pour vous raconter un peu comment ça se passe!
Il est temps que je vous parle un peu de mon appart!
Je vous avais laissé avec ma recherche d'appart peu après que j'aie appris, à regret, que je ne pourrais pas emménager dans le super appart avec des colocs bien sympas que j'avais trouvé près du métro Bellas Artes. Motif: ils préféraient accommoder l'un de leurs amis, ce qui est bien compréhensible.
Par la suite j'ai visité quelques autres apparts, dont voici la description:
L'appart parfait: le soir même de ma visite à Bellas Artes, j'avais rendez-vous dans un appart à deux pas de mon campus universitaire. J'étais un peu soupçonneux parce que le prix du loyer était plutôt en deçà du prix du marché (120 000 pesos, soit 280$/mois... une aubaine!) et qu'il n'y avait pas de photo sur le site internet, mais j'ai décidé de lui donner une chance quand même. En plus, ils demandaient quelqu'un qui resterait là au moins 6 mois, ce qui n'était pas mon cas, mais bon on ne sait jamais... En arrivant là, non seulement l'endroit était grand, lumineux, bien situé, bien joli, peu bruyant et propre, mais en plus mes potentiels colocataires étaient super gentils! Pour couronner le tout, il y avait le bas prix du loyer! Où était l'arnaque? S'il y en avait une, en tout cas je n'ai rien vu. Tout content, je dis donc à mon potentiel futur coloc que je suis disposé à le prendre tout de suite. Il me répond "Ok, inscris ton nom et ton courriel sur la liste! Tu es la 7e personne intéressée." Inutile de dire que mon sourire est un peu tombé. Comme je ne restais que 4 mois et que, statistiquement parlant, il y avait probablement au moins une personne qui restait plus longtemps que moi dans les 6 autres candidats potentiels, mes chances d'obtenir la chambre avoisinaient désormais 0 (et effectivement ils m'ont contacté 2 jours plus tard pour me dire qu'ils avaient pris quelqu'un d'autre). Je suis donc sorti de là un peu découragé. Ç'aurait vraiment été excellent!!
Je suis donc retourné à mes recherches et le lendemain je visitais l'appartement lendemain-de-brosse. Situé dans Barrio Brasil à 2 pas de chez Tirso et des métros, l'endroit avait tout pour être intéressant. Sauf que... en tout cas. Je sonne. Pas de réponse. Plusieurs coups de sonnettes plus tard et 2 appels, un gars finit par me répondre, la voix pâteuse, qu'il s'en vient m'ouvrir (il est 10h). En pyjama, les cheveux ébouriffés, le gars m'informe qu'ils ont eu un party la veille chez eux. You don't say?!?! C'est une information que j'aurais aisément pu deviner tout seul. Effectivement, l'appart, déjà sale et dégageant une odeur rance, est dans un état de lendemain de veille qui aggrave sa condition et ajoute à l'air ambiant un agréable fumet de fond de tonne. Le gars me fait visiter sommairement puis me montre ma chambre. L'endroit est exigü et surtout, obscur. Et pour cause: l'unique fenêtre (sale) donne sur un puits de lumière intérieur passablement sale (ai-je dit que c'était sale?). À 350$/mois, décidément, ce n'est pas l'endroit pour moi. Je remercie le gars, le laisse aller se coucher puis je me rends compte que mes options s'amenuisent...
En après-midi, je vais visiter l'appart-auberge de jeunesse. C'est pas cher mais impersonnel, on vit genre 18 dans une maison située passablement loin des métros dans Barrio Brasil. Je ne suis pas enchanté d'avance: je cherche plus à partager un appart avec des gens qu'à vivre dans un hôtel. Sur place, la question se règle rapidement cependant: ma chambre vient d'être louée. Pas de chance (dans un sens)!
Le lendemain, j'ai 2 autres visites, l'une dans Barrio Brasil et l'autre dans Lastarria, en plein centre de la ville. La première est finalement devenu mon appart! Comme il est à 2 pas de chez Tirso, je m'y rends rapidement. Malgré les échanges de courriels très sympathiques que j'ai eu avec la fille qui loue l'appart en question, je suis un peu désabusé et j'ai un peu l'impression de faire des démarches qui ne rapporteront rien. J'arrive sur place finalement: l'appart est dans un vieux bâtiment vert hôpital et les murs du premier étage (accessibles du trottoir) sont couverts de graffitis. La cage d'escalier est plongée dans le noir. À première vue, je ne suis pas trop sûr de l'endroit, bien que je sache que les cages d'escalier sont bien rarement éclairées pour économiser sur les frais d'électricité et que la plupart des bâtiments de Barrio Brasil sont couverts de graffitis. Cependant, quand je vois l'appartement: wow! C'est grand, relativement propre, bien divisé, la chambre est belle... En plus, ce n'est pas trop cher (340$/mois tout compris), à 5 minutes de deux stations de métro sur 2 lignes différentes, bien situé dans un quartier sympa et sécuritaire... Avec, en prime, un balcon entouré d'arbres avec vue sur la cathédrale en face. L'intérieur compense pour l'extérieur! Finalement, c'est sérieusement une option! La fille qui me fait visiter sous-loue 2 des chambres de l'appart parce qu'elle s'en va étudier en Espagne. Elle est super sympa mais je n'ai malheureusement pas la chance de rencontrer mes autres colocs potentiels. Sauf que j'ai aussi une visite le soir même dans Bellas Artes... Pour un prix similaire, je pourrais être à distance de marche de l'université! Je dis donc à la fille qui me fait visiter que je vais attendre de voir l'autre appart avant de prendre une décision définitive. Le soir même, finalement, j'attends pendant 45 minutes à la station de métro le gars censé me faire visiter son appart... Il ne viendra jamais finalement!
Ma décision est donc prise: je confirme à la fille que je prends la chambre! Elle est super heureuse que ce soit moi qui prenne la chambre mais je dois par contre attendre une semaine encore que la chambre se libère. Dans l'intervalle, je reste chez Tirso, qui aura eu la gentillesse de m'héberger pour presque 2 semaines!
Au moment d'emménager, je rencontre d'abord l'un de mes colocs: il s'appelle Bernardo et c'est un jeune ingénieur informatique péruvien super sympa avec qui je m'entends tout de suite très bien! Il parle un espagnol parfaitement neutre (apparemment que les Péruviens sont l'un des peuples hispanophones qui ont le moins d'accent), m'appelle amicalement "Don François" ("Don" et "Doña" pour les filles est un titre espagnol sans équivalent en français du même acabit que "monsieur" ou "madame" mais en beaucoup plus informel, il dénote surtout la proximité et ne s'utilise qu'avec le prénom) et dit "Que gracioso!"("comme c'est drôle!") à chaque phrase. Il me faudra par contre attendre une semaine de plus pour faire la connaissance de Cindy, une étudiante allemande en échange à la même université que moi mais en maîtrise en kinésiologie. Elle est super gentille et on s'entend très bien. Son espagnol est parfois laborieux, mais elle fait de gros efforts pour s'améliorer! On s'est rendus compte qu'on a beaucoup d'amis étrangers en commun, et on s'est même retrouvés au même party de pendaison de crémaillère d'une amie sans le savoir! Mes 2 colocs passent leur temps à inviter des amis à la maison, ce qui est super parce que ça me fait connaître plein de gens! Bernardo invite régulièrement une amie péruvienne avec qui il cuisine des plats de son pays (en fait, c'est plutôt elle qui fait pas mal tout alors que Bernardo coupe des limes par exemple: Bernardo ne cuisine pratiquement jamais, il mange soit au restaurent, soit il commande à manger!). Pour ceux qui connaissent, la cuisine péruvienne est succulente, et j'ai donc eu l'occasion de manger avec eux un très bon ceviche (du poisson pratiquement cru servi sur riz et accompagné d'une délicieuse sauce à la lime et aux oignons) et une excellente tarte au citron. Il y a aussi une autre Péruvienne super sympa qui vient faire son lavage à chaque semaine depuis que l'un de ses amis a détruit sa machine à laver en vomissant dedans lors d'un party bien arrosé (une bien charmante histoire)! Elle est retournée au Pérou maintenant mais si jamais ça adonne que je passe par là, j'aurais sûrement un endroit où rester! Bernardo a aussi un ami français avec qui il planche sur un projet de start-up informatique. Ils participent à un concours organisé par le gouvernement chilien qui leur permettrait éventuellement d'avoir les fonds nécessaires pour créer leur compagnie. Il est aussi bien gentil et ça fait toujours plaisir de pouvoir parler à quelqu'un dans sa propre langue! Quant à Cindy, elle a invité plusieurs de ses amis allemands à passer quelques jour à l'appart dans le cadre de leur voyage en Amérique du Sud. Il y a d'abord eu Eva, une fille super sympa qui fait le tour de l'Amérique du Sud en 7 mois. Elle a un humour cinglant que j'ai tout suite adopté! La première journée où elle est arrivée, Cindy n'était pas là et, plutôt que de manger seuls de notre côté, on a été mangé une chorillana dans un resto du coin. La chorillana est au Chili ce que la poutine est au Québec. C'est un plat de frites auquel on ajoute de la viande de boeuf effilochée, des saucisses et des oignons, le tout couronné d'un oeuf frit. Il manque la sauce et l'oeuf frit n'est pas vraiment nécessaire, mais c'est bon! Habituellement, les portions sont immenses et ça se mange au moins à 2. Dans ma gaucherie habituelle, j'ai trouvé le moyen de gesticuler précisément au moment où le serveur passait avec notre immense plat, et ma main a percuté l'assiette avec une force telle que l'oeuf frit a été éjecté vers le sol! Inutile de vous dire que la scène était à la fois très drôle et honteuse! Bref, je me suis très bien entendu avec Eva à partir de ce moment-là! Cindy a aussi invité un couple d'amis allemands en vacances au Chili, plutôt réservés mais bien gentils, et ne parlant que peu anglais et encore moins l'espagnol. Vous aurez donc compris que la vie en colocation se passe très bien!
Ma chambre est plutôt spacieuse, avec une grande fenêtre. J'ai un vue sur la cathédrale en face, qui est condamnée depuis le gros tremblement de terre de 1985 mais qui tient toujours en partie debout et qui demeure très belle. Par contre, c'est un peu bruyant le matin à cause de la rue, sans que ce soit intolérable. Je partage ma salle de bain avec Bernardo (nos deux chambres communiquent à la même salle de bain) alors que Cindy a sa propre salle de bain attenante à sa toute petite chambre. On a un salon/salle à manger commun, une petite cuisine, un balcon et un genre de solarium où on fait sécher notre linge. L'eau chaude et la cuisinière fonctionnent au gaz, comme c'est commun ici. Ça m'a quand même surpris: quand je suis arrivé, Bernardo m'a montré une petite boite en métal du genre boite électrique et m'a dit que je devais craquer un allumette et allumer le brûleur au gaz à chaque fois que je voulais de l'eau chaude! Je me suis alors souvenu d'un commentaire de Tirso qui m'avait spécifié quand j'étais chez lui que je n'avais pas besoin de faire quoi que ce soit pour que l'eau soit chaude, que ça se faisait automatiquement. J'avais écarté le commentaire en me disant que c'est un peu normal que l'eau soit automatiquement chaude quand tu ouvres le robinet d'eau chaude... Eh bien apparemment pas au Chili! Heureusement que ce n'est pas très long avant que l'eau devienne chaude (20 secondes)! Autre bizarrerie: comme c'est un vieil appart, il n'y a pas de chauffage central. Quand il va faire froid en hiver (juin-juillet-août), genre 0 la nuit, la seule chose qu'on a pour se chauffer est une chaufferette au gaz! Ça promet, mais c'est très commun pour les Chiliens de fonctionner comme ça! Enfin, côté propreté, ça va, mais Bernardo (qui habite ici depuis 5 ans) n'est pas nécessairement un maniaque du ménage disons!
Pour ceux qui seraient intéressés, vous pouvez aller voir mon appart sur Google Maps: l'adresse est Almirante Barroso 206, Santiago de Chile! Mon appart est au 2e étage (appartement 23).
Ah, une dernière chose: je partage aussi périodiquement l'appartement avec des araignées venimeuses. Pour vrai là. Avant de partir au Chili, une amie dont le chum est Chilien m'avait vaguement mis en garde quant aux araignées potentiellement mortelles qui peuplent le Chili. Je ne m'étais pas inquiété outre mesure: d'abord, son chum vivait dans le désert du nord du Chili, et je m'étais dit qu'à Santiago c'était différent. Ensuite, les araignées dangereuses vivent souvent dans des zones plus reculées et moins urbaines. Enfin, les bibittes font de toute manière partie des voyages hors des zones tempérées: j'ai eu ainsi affaire avec des araignées géantes au Vietnam et à Hong Kong et à une tarentule en Ouzbékistan, et j'ai survécu (ouf!). Et au Chili, on ne parle pas de grosses araignées, mais de petites. Bref, je ne m'en faisais pas trop. Sauf que... Je suis tombé par hasard il y a 3 semaines sur un article de journal qui faisait état des précautions à prendre avec la "araña de rincon", appelée plus communément la recluse brune du Chili. Cette charmante bestiole indigène au Chili possède un venin connu pour entraîner de fortes douleurs accompagnées de fièvres, nausées et maux de tête, nécrosant les tissus atteints et dont la morsure peut entraîner la mort dans 3% des cas. Bah, tant qu'elle vit loin de nous... Euh... En fait, elle vit cachée dans des anfractuosités et est particulièrement à l'aise dans les maisons et appartements du pays, du désert au nord à la Terre de feu au sud! Pour comble, Santiago n'est pas exclue: 60% des habitations abriteraient des recluses brunes du Chili. Grosse comme un 5 sous, elle est super craintive, pas du tout agressive et s'enfuit (vite) dès qu'il y a de la lumière et du bruit. Les rencontres avec l'humain devraient donc être limitées. Par contre, la nuit, comme elle ne tisse pas de toile, elle sort chasser. C'est là que ça peut devenir désagréable: elle peut se cacher dans les vêtements, les garde-robes et les couvertures, et mordre si elle se sent attaquée, i.e. si on la compresse en mettant ses vêtements par exemple. C'est pourquoi il faut toujours tout secouer, vêtements et couvertures, avant de les mettre sur nous... au cas où! Et il faut aussi séparer le lit du mur pour éviter que des recluses qui se promèneraient sur le mur ne finissent pas inadvertance par vagabonder sur soi pendant qu'on dort. La recluse brune possède aussi un prédateur naturel, une autre araignée (l'araignée-tigre), semblable mais inoffensive et un peu plus grosse. Comme l'une ne vient pas sans l'autre, voir l'une des deux n'augure rien de bon! Questionné à ce sujet, Bernardo m'assure qu'ils n'ont jamais eu de problème avec les araignées. Je commence quand même à prendre des précautions d'usage en secouant mes vêtements, tout en me disant que je m'en fais sûrement pour rien. Malchance ou coup du sort? Le lendemain, en secouant un chandail que j'avais laissé traîner par terre, devinez qu'est-ce qui tombe? Une araignée correspondant en tous points à la recluse!!! Pourtant, plutôt que de s'enfuir, elle a fait la morte sur place. Cette attitude bizarre m'a fait hésiter: serait-ce plutôt la bonne araignée, celle qui mange la venimeuse? Au bout d'un moment, je me suis dit que j'allais plutôt appliquer la sagesse moyenâgeuse "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens" pour ne prendre aucune chance! Le lendemain, en faisant le ménage, j'ai aussi découvert un squelette de mue d'araignée plus grosse, correspondant grosso modo à l'araignée-tigre et confirmant que l'araignée que j'avais envoyé ad patres la veille était bien venimeuse... Ouf! Depuis, je n'en ai revu aucune des deux mais je secoue religieusement tout mon linge et mes couvertures! Heureusement, ces bibittes-là sont surtout actives en été, et plus il fait froid plus elles sont discrètes... une chance que l'hiver approche! Morale de l'histoire: ne pas négliger les conseils donnés par des amis qui ont une connaissance intime du pays!
Je vous laisse sur une note plus légère: l'anecdote du jour, qui porte sur les mimes. À Montréal, aux feux rouges, il y a des squeegees qui viennent vous achaler pour nettoyer vos vitres. À Santiago, il y a plutôt... des jongleurs et des mimes! Sérieusement! L'autre jour, à un coin de rue de chez moi, je vois un gars habillé en noir, avec un béret et du maquillage blanc sur la figure. Dès que le feu est rouge, il s'en va faire des pitreries de mime devant les voitures et sous l'oeil amusé des passants. Le pire, c'est que ça marche! Parce qu'un mime, en général, c'est plutôt drôle!
À bientôt!!! Je vais essayer de réécrire plus souvent!