Un blog mis à jour de temps à autre, quand j'ai un peu de temps!

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samedi 29 novembre 2014

Apprivoiser le monde de l'emploi au Chili, ou comment travailler pour une organisation internationale au nom interminable

Salut salut!

Il y a un aspect important de mon passage au Chili que je n'avais pas encore abordé: mon travail à titre de stagiaire auprès d'une organisation internationale basée à Santiago.

Dit comme ça, ça en jette, non?

Mais soyons sérieux et commençons par le commencement. Début automne 2012, avant de partir faire ma session d'études au Chili, je réalise que je devrai faire mon stage pour compléter ma maîtrise tout juste après avoir terminé mes cours et mon essai, soit dans quelques mois. (N.B.: à l'époque, j'étais jeune et fou et je pensais naïvement que j'allais finir mon essai en décembre 2012. C'était le bon temps.). Je venais aussi de recevoir mon horaire pour ma session au Chili, et je m'apercevais que je n'avais que 6h de cours par semaine, ce qui, j'en étais sûr, allait me laisser amplement de temps libre (décidément, j'étais vraiment un indécrottable optimiste). Et tout à coup il me vient une idée de génie: pourquoi ne pas profiter de mon passage au Chili pour faire à la fois ma dernière session d'études ET mon stage de fin de maîtrise? Certains amis à moi avaient effectué des stages à l'ambassade du Canada à Santiago : pourquoi pas moi? J'aurais juste à leur préciser que je suis disponible à temps partiel, et tout pourra s'arranger...

L'idée fait son chemin. Avec l'aide de la conseillère responsable des stages de mon programme, je constate en plus que deux concours sont ouverts pour un stage à l'ambassade de Santiago (non-payés, mais bon, bienvenue dans le merveilleux monde des stages à l'étrangers... et aussi du marché de l'emploi actuel pour les jeunes). Je postule, je suis pris en entrevue... mais finalement je ne suis pas pris, justement parce qu'ils cherchaient quelqu'un à temps plein et que je ne pouvais leur offrir que du temps partiel.

(Note: avec le recul, c'est une excellente chose que je n'aie pas été pris. C'était une TRÈS mauvaise idée de vouloir combiner session d'études et stage en quatre-cinq mois. Côté temps, juste avec l'essai et les travaux que je devais faire pour l'université, ça n'aurait JAMAIS marché. Mais ça, insouciant tata que j'étais, je ne le savais pas à ce moment-là.)

Bref, l'ambassade me dit tout de même de rester en contact avec eux, en me disant que c'est possible qu'ils aient aussi des stages à temps partiel quand je serai au Chili. Ils m'invitent à leur écrire à nouveau juste avant mon départ pour le Chili. Ce que je fais.

"On n'a pas de stage pour toi", qu'ils me répondent par courriel, "mais par contre, que dirais-tu de faire un stage avec le Congrès national chilien? Ils cherchent des étudiants canadiens (gratis, naturellement) pour travailler à temps partiel sur le thème de la transparence gouvernementale. Ça t'intéresse? Si oui, on te mettra en contact avec le Chilien qui s'occupe de tout ça."

Travailler pour l'équivalent de l'Assemblée nationale au Chili? Mets-en que ça m'intéresse!!! Cela dit, il faut voir si les tâches sont en soi d'intérêt pour moi et si je peux vraiment travailler à temps partiel. Je dis à l'ambassade de me mettre en contact avec le Chilien en question pour avoir plus de détails et j'envoie mon CV. Ledit Chilien me récrit rapidement pour me dire qu'il veut me rencontrer dès mon arrivée à Santiago, question que je commence à l'aider à travailler sur ses dossiers. Pas d'entrevue, rien: j'avais déjà le stage! Sans information, par contre, mais bon...

Et c'est comme ça que j'ai commencé à travailler pour Me Juan Pablo Olmedo, un avocat chilien qui, en sus de ses fonctions premières, agissait comme mandataire du Congrès national chilien sur la question de la transparence parlementaire.

Santiago, deux semaines après mon arrivée. Après quelques échanges de courriel, Juan Pablo m'invite à le rencontrer pour qu'il puisse m'expliquer ce que je devrai faire dans les prochains mois. C'était nécessaire parce que, jusqu'ici, très peu de détails sur mes nouvelles fonctions m'avaient été communiqués et, soyons francs, tout cela restait très nébuleux pour moi. Juan Pablo me convoque à 14h à son bureau, situé dans un édifice commercial du chic quartier de Las Condes. Je me présente à son étincelant bureau d'avocats et le réceptionniste m'invite à patienter sur l'une des chaises en attendant l'arrivée du maître des lieux. Évidemment, puisque je suis arrivé avec 5 minutes d'avance. Réflexe de novice de la part d'un Nord-Américain qui accorde de l'importance à la ponctualité, dans un pays (et un continent) où tout le monde est toujours en retard!

Pendant que j'attends, je me passe la remarque que, s'il y a bien quelque chose qui n'est pas dépaysant partout dans le monde, c'est bien les bureaux d'affaires des entreprises de services professionnels. J'aurais pu être à Montréal, à Singapour ou à Berlin, ce bureau aurait très bien pu s'y retrouver, avec ses beaux tapis, ses grandes salles de réunions modernes, ses portes en bois ouvragées et ce réceptionniste tiré à quatre épingles calé derrière son ordinateur posé sur une haute table en verre poli (avec le logo du cabinet)...  Enfin, après 15-20 minutes d'attente, un grand homme en chemise à l'air soucieux, la quarantaine, sort en coup de vent de son bureau. Juan Pablo se dirige vers moi, me salue, puis me dit: "As-tu dîné? Oui? Ah, pas moi. Viens, on va prendre un café.".

D'accord. J'avais oublié qu'ici, on dîne tard! Je m'attendais à une réunion de travail, pas à un dîner/café d'affaires! On se retrouve donc sur la terrasse d'un petit café situé en face du bureau. Juan Pablo commande de manière expéditive un sandwich, me paie un café, sort une cigarette et se met à fumer tout en pianotant sur son téléphone. Entre deux bouffées et bouchées, il me commence à m'expliquer ce qu'il attend de moi. Son débit est rapide, son accent chilien est solide et il parle sans cesse: bref, il n'est pas facile à comprendre. Pas de doute, Juan Pablo Olmedo est un homme pressé, très occupé et qui, définitivement, est un grand extraverti de nature. Un gars qui ne s'en laisse pas facilement imposer (mais qui par contre en impose aux autres), sûr de lui, qui sait où il s'en va: la caricature d'un certain type d'avocat!

Juan Pablo m'apprend qu'il est le secrétaire général et unique employé du (prenez votre souffle) Réseau parlementaire interaméricain pour la transparence, l'accès à l'information publique et la probité (Red Parlamentaria Interamericana de Transparencia, Acceso a Información Pública y Probidad). Cette nouvelle organisation, fondée en 2012 à l'initiative du Congrès national chilien, se veut un forum latino-américain visant à rendre les parlements plus ouverts (dans le sens de rendre davantage d'information accessible au grand public) et à lutter contre la corruption. Des députés de  différents gouvernements d'Amérique latine en font partie, de même que des ONG locales et internationales. Juan Pablo veut que je l'aide dans différentes tâches liées, notamment, à l'organisation de la prochaine réunion du Réseau en Colombie, au contenu du site web (censé être mis sur pied bientôt) et à diverses autres tâches ponctuelles de soutien. 

Tout cela est bien beau, mais concrètement, que suis-je censé faire? Réponses vagues. Pour tout vous dire, le Réseau était naissant, et Juan Pablo lui-même ne semblait pas tout à fait certain du travail à faire. En fait il avait beaucoup de projets pour le Réseau, mais ceux-ci étaient difficiles à transposer en initiatives pratiques. L'impression qui se dégageait de mon premier entretien avec lui était donc qu'il ne savait pas trop quoi me faire faire précisément maintenant, mais que pas de stress, ça viendrait et les choses se placeraient. Et en effet: au cours de ma session au Chili, il pouvait parfois se passer une semaine ou deux sans que Juan Pablo ne me confie de mandats précis, puis tout à coup quelque chose d'urgent surgissait, du genre la production d'un document que je devais lui remettre "a la brevedad" i.e. dans les plus brefs délais! Bienvenue dans le monde du travail, saveur Amérique latine!

À la fin de notre entretien, Juan Pablo m'a laissé en regagnant en vitesse son bureau. Nous avons convenu de nous rencontrer hebdomadairement pour faire le suivi des dossiers, ce qui a eu lieu à maintes reprises par la suite, la plupart du temps à son bureau, ou encore dans un café des environs. Toujours en vitesse, je n'ai jamais rencontré Juan Pablo sans qu'il ne semble hyper pressé! J'ai aussi pu connaitre au fil des rencontres sa gentille adjointe Carolina Matta. 

Au final, le stage a été assez intéressant. Voici certaines des tâches que j'ai eues à faire :

- Rédaction d'un bref document de présentation du Réseau, destiné au site Internet à venir (finalement le site Internet n'a pas été mis sur pied quand j'étais au Chili, et je ne suis pas certain que ce travail ait servi, mais bon)
- Traduction de l'espagnol à l'anglais d'un long discours du Sénateur Hernan Larrain, élu chilien en charge du Réseau. Le sénateur Larrain allait aux États-Unis pour présenter à un think tank américain les initiatives du Chili en matière de transparence parlementaire, dont les activités du Réseau, et Juan Pablo m'a mis en charge de faire la traduction du discours. Bien qu'il s'agisse d'une tâche plus cléricale, c'était quand même un beau défi de traduire quelque chose de ma 3e langue à ma 2e! J'étais assez content du résultat, et il faut croire que le sénateur aussi puisqu'il a prononcé le tout dans son entièreté lors de son passage aux États-Unis!
- Tentatives d'établir des collaborations entre le Réseau et des institutions canadiennes: ça, c'était le dada de Juan Pablo, et c'est d'ailleurs pourquoi il était en contact avec l'ambassade du Canada (et que j'étais là au Chili à tenter de l'aider). L'affaire, c'est qu'il ne savait pas trop ce qu'il voulait ni à quelle porte cogner, et moi non plus à plus forte raison. En plus, disons qu'à titre d'étudiant je ne disposais pas d'un réseau particulièrement impressionnant dans le domaine de la transparence parlementaire! Les réflexions de Juan Pablo m'ont amené à me concerter avec l'ambassade du Canada au Chili, dont j'ai rencontré certains employés (je vous en reparlerai) de même qu'avec le Centre d'études interaméricaines de l'Université Laval où je travaillais en temps qu'assistant de recherche. Finalement, Juan Pablo a fini par arrêter son choix sur ParlAmericas, une institution intergouvernementale mise sur pied par le Canada pour faire le lien entre les différents parlementaires des Amériques. À la demande de Juan Pablo, j'ai organisé une rencontre par Skype entre ce dernier et la directrice de ParlAmericas, et je me suis occupé des suivis par la suite (le tout nécessitant une autre rencontre Skype réunissant la directrice et moi). Je ne sais pas si des liens durables ont finalement été forgés entre le Réseau et ParlAmericas, mais j'ai du moins contribué à les faire naître!
- Visite du parlement et du Sénat à Valparaiso: je ne vous en dis pas plus, je vous en reparlerai!
- Et d'autres petits trucs ad hoc.   

En somme, ce stage m'a ouvert les yeux sur le monde du travail au Chili, tout en m'offrant l'extraordinaire possibilité de travailler, ne serait-ce que brièvement, dans le domaine des relations internationales à l'étranger. J'ai pu y côtoyer des diplomates, des parlementaires et des représentants d'ONG internationales, et voir quel genre de travail ils pouvaient effectuer au quotidien. Si les tâches que j'avais à faire n'étaient pas toujours si excitantes et que j'avais fréquemment l'impression de ne pas trop savoir où on s'en allait avec tout ça, ça a quand même (et peut-être justement pour ça) été une expérience très enrichissante du point de vue personnel et professionnel! Je n'avais pas de compétences particulières dans le domaine de la transparence parlementaire, mais ça m'a permis de m'y initier. Le tout à coût nul, puisque bien que je n'étais pas payé, j'étais déjà à Santiago pour mes études. Bref, un ajout intéressant à mon bagage d'expérience en relations internationales!
 À bientôt!

samedi 15 novembre 2014

Santiago, version touriste

Salut!

Jusqu'ici, je vous ai beaucoup parlé de la recherche d'apparts, de la bureaucratie, de l'université et de toutes sortes d'autres choses. Mais ma session à Santiago ne se résume pas qu'à ça! Bien que mes études me prenaient beaucoup de temps, en quatre mois, j'ai quand même eu le temps de visiter un peu la ville!

Voici donc deux activités "touristiques" parmi d'autres que j'ai eu l'occasion de faire à Santiago durant ma session d'études! N.B.: je ne vous conterai pas tout ce que j'ai visité à Santiago, ce serait très long, et on en a déjà beaucoup parlé dans notre blogue sur notre voyage en Amérique du Sud!

Bicipaseo "Santiago en ruinas"

Mon ami Tirso, chez qui je demeurais avant de trouver mon appart, est, entre autres choses, un fan de vélo. Peu de temps après mon arrivée au Chili, il me mentionne, au détour d'une conversation, l'existence du Bicipaseo.

"Le Bici quoi?"
"C'est un genre de tour de ville de Santiago en vélo. Un dimanche par mois, le collectif citoyen qui s'occupe de ça fait un itinéraire en fonction d'un thème, et fixe un point et une heure de ralliement. Ensuite, tout le monde converge à l'heure et l'endroit prévu, et c'est parti ensuite pour un beau tour de ville! La police bloque les rues pour que les cyclistes puissent y circuler en toute sécurité. Et le plus beau dans tout ça, c'est que c'est gratuit (ce qui n'est pas rien, au Chili)! Je ne pourrai pas y aller ce dimanche, je te passe mon vélo si tu veux!"

Et c'est comme ça que j'ai rejoint une marée de vélos vers 10h du matin au coin de la rue où habite Tirso! Le thème du tour de vélo : "Santiago en ruinas" (Santiago en ruines). Ça promettait! Notre premier arrêt fut la cathédrale en ruines située juste en face de mon appart (je ne le savais pas encore à ce moment-là). Ce qui était bien, c'est qu'il y avait en plus un guide qui prenait le temps d'expliquer l'histoire du bâtiment en question à chaque arrêt, avec plein de détails!

Santiago étant une ville très plate (dans le sens de "non-accidentée" là!), c'est parfait pour les vélos! Après avoir roulé un moment dans Barrio Brasil (mon quartier), on a ensuite traversé la Alameda vers  le quartier Republica avant de s'arrêter bien plus loin devant un haut mur cachant un terrain en friche. Selon ce que nous a expliqué le guide, il y aurait eu ici une grande gare, du temps où le cuivre et le nitrate convergeaient tous en train vers la capitale puis vers Valparaiso avant d'être exportés vers l'Europe et les États-Unis. Puis, on s'est enfoncés dans des quartiers de plus en périphériques, où je ne serais jamais allé seul parce que 1) il n'y a strictement rien à y faire et 2) les quartiers périphériques sont, rappelons-le, moyennement safe. Les bâtiments de quelques étages furent bientôt remplacés par des maisonnettes typiquement chiliennes, des genre de petits bungalows à un étage, sis au milieu d'un petit terrain entouré de grilles. Le soleil de midi commençait à taper très fort lorsque nous nous sommes arrêtés devant un immense complexe abandonné en béton, sans murs et plutôt glauque. Cette construction éléphantesque, nous a expliqué le guide, aurait dû devenir un hôpital. Pour diverses raisons obscures, la construction fut stoppée alors que toute la structure en béton (escaliers, poutres de soutien, étages...) avait été construite, laissant une incongruité sans nom au beau milieu d'un terrain vague sans arbres, en banlieue de la ville! Mince consolation face à ce spectacle peu glorieux: saisissant le potentiel publicitaire de l'endroit, de courageux étudiants avaient trouvé le moyen de se rendre au sommet de l'immeuble et d'y graffiter en grosses lettres rouges "L'éducation gratuite, maintenant!", question de rendre le tout visible à des lieux à la ronde!

Une fois repartis, on a pu s'arrêter, dans un autre quartier, dans un petit parc sis devant une ancienne usine. Cette halte a ravi certains de nos accompagnateurs impromptus: les chiens! Vous vous souvenez que Santiago possède un nombre ahurissant de chiens errants! Et quoi de plus excitant pour un chien que de suivre ou de précéder une meute de cyclistes, en jappant à qui mieux mieux? Bref, on a été escortés par tout plein d'amis à quatre pattes tout au long du parcours, dont un chien super cute qui ne nous pas lâché du début à la fin!

Finalement, le tour s'est terminé dans un grand parc un peu au sud de la ville, près d'un lac où des Chiliens profitaient du beau temps pour faire des barbecues en plein air. J'ai alors quitté le groupe pour revenir chez Tirso, me frayant un chemin le long des pistes cyclables de Santiago. "Piste cyclable" est par ailleurs un terme un peu grandiloquent pour désigner les voies prévues pour les vélos dans la ville. Selon Tirso, il y a quelques années, la ville a décidé de se doter d'un réseau cyclable, mais sans vouloir y investir des sommes importantes. Le résultat est pour le moins bancal: plus souvent qu'autrement, les pistes cyclables sont de simples délimitations de peinture à même le trottoir, d'environ 30 cm de large! Ça monte et ça descend du trottoir dans la rue, au gré des obstacles, ça tourne raide face à un arbre... Bref, c'est tout sauf une vraie piste cyclable! L'initiative est louable, mais c'est un bel exemple de "botchage" en règle d'un projet!

Tout ça pour vous dire que ce fut une très belle journée! N'hésitez pas à vous joindre à un Bicipaseo si vous êtes de passage à Santiago, c'est un excellent moyen de découvrir la ville gratuitement! Et leurs thèmes sont parfois vraiment originaux: ils ont notamment organisé un tour de vélo sur le lit de la rivière Mapocho, littéralement!

Cerro San Cristobal

Tout comme Montréal a le mont Royal, Santiago a aussi sa montagne en pleine ville qui fait office de grand parc urbain: le cerro San Cristobal. Visible de tous les quartiers, il surplombe le centre-ville et les quartiers riches (notamment Las Condes).

En trois mois de séjour à Santiago, je n'y avais pas encore mis les pieds, et avec le travail qui s'amoncelait en fin de session je commençais à me demander si j'allais un jour pouvoir y aller. Puis, un samedi matin de la fin du mois de mai, je me suis réveillé pour découvrir un spectacle magnifique par la fenêtre : la cordillère des Andes toute couverte de neige! Il avait dû pleuvoir durant la nuit, ce qui avait chassé le smog qui s'accumule au-dessus de Santiago l'hiver. Les Andes, habituellement d'un brun terne lorsqu'elles ne sont pas cachées par la pollution, brillait d'un éclat blanc majestueux dans un ciel bleu pur dépourvu de tout nuage. C'était décidément un coup d'oeil superbe!

J'aurais dû étudier cette journée-là, mais l'occasion était définitivement trop belle pour que je passe ma journée enfermé à l'intérieur. Et quel meilleur endroit pour admirer les montagnes que du sommet du Cerro San Cristobal?

Je me suis donc rendu à pied, à travers une marche qui m'a fait traverser le centre-ville et le quartier branché des bars situé juste sous la montagne. Une fois sur place, mon plan initial était d'atteindre le sommet du Cerro par le téléphérique qui donne une très belle vue sur la ville. Sauf que... je n'étais naturellement pas le seul à avoir comme projet de me balader au Cerro! Comme une très longue file d'attente s'étirait devant le téléphérique, je me suis donc décidé à monter à pied. À l'entrée du site, une grande carte indiquait vaguement plusieurs sentiers pour se rendre au sommet. Mon choix s'est arrêté sur l'un de ceux qui partaient un peu plus loin. Mal m'en prit: simplement trouver le début du sentier fut long et complexe, puis, une fois sur le bon chemin, je me suis vite rendu compte qu'il y avait de plus en plus de pistes qui partaient dans tous les sens! En plus j'étais pratiquement seul, ce qui était un peu moyen côté sécurité... Par contre, j'avais une vue imprenable sur les Andes, me trouvant du côté de la montagne qui y fait face!

Au final, je me suis bien rendu au sommet sans encombres, seulement pour découvrir une grande plateforme panoramique noire de monde! Après avoir admiré un moment les vues époustouflantes sur Santiago et les Andes enneigées, je suis monté au sommet complètement, là où trône une croix et des estrades d'où Jean-Paul II a un jour célébré la messe. En chemin, je me suis arrêté un moment pour visiter la jolie chapelle de l'endroit.

Le parc étant immense, impossible de tout visiter en un après-midi! J'ai donc choisi d'explorer une autre partie, où je me suis bien amusé à prendre des photos où contrastaient les palmiers sur fond d'Andes saupoudrées de neige! Puis, je suis revenu en bas de la montagne (cette fois par le sentier officiel, que j'aurais dû prendre dès le départ!), tout heureux d'avoir pu échapper aux études pour un bref instant! En revenant à l'appart, j'en ai profité pour longer le Rio Mapocho le long d'une longue allée pleine d'arbres qui perdaient leurs feuilles (nous étions en plein automne). Après un bref arrêt au musée des Beaux-Arts pour admirer une exposition de vêtements étendus l'un après l'autre (une genre de corde à linge géante, mais assez intéressante à regarder), c'est en ressentant ma balade dans mes pieds que j'ai regagné mon chez moi, fourbu mais content!

À bientôt!!

samedi 1 novembre 2014

Quelques notes sur Telesur

Note: J'avais commencé à écrire cette entrée le 2 avril 2013.

En ouvrant la télévision aujourd'hui, je suis tombé sur Telesur, la chaîne régionale d'informations télévisées en continu mise en place par Chavez il y a quelques années en tant qu'alternative aux réseaux traditionnels d'information (notamment américains). Inutile de vous dire qu'elle est subventionnée en majorité par le Venezuela, bien que d'autres pays sud-américains financent aussi (au nom de "l'intégration régionale") les inepties qui y sont diffusées.

Bon, j'ai l'air d'avoir une opinion préconçue sur cette chaîne-là, mais, en réalité, j'étais plutôt curieux de voir ce qu'il en était.  Dans le cadre de mon travail d'auxiliaire de recherche pour le centre d'études interaméricaines, j'avais fait des recherches et j'avais écrit un petit paragraphe sur Telesur à titre d'institution sud-américaine indépendante d'intégration. Bien que j'étais conscient qu'il s'agissait d'une chaîne alternative, la couverture qu'Internet donne à Telesur est généralement positive, alors je m'attendais à un genre d'Al-Jazeera version latino.

Ce n'est pas tout à fait le cas, disons.

Je commence par écouter l'émission "Les vrais États-Unis" dans laquelle un commentateur rappelle, outré, qu'il y a déjà eu des camps de concentration aux États-Unis, tout comme Guantanamo l'est aujourd'hui. Il met en garde le téléspectateur contre une disposition d'un obscur guide militaire de l'armée américaine qui prévoit apparemment que l'armée puisse détenir dans des camps ses propres citoyens en temps de crise.

Ça commence fort.


Suivent ensuite les infos du jour. Tout d'abord, un long reportage sur le fait qu'il y a 13 ans aujourd'hui, Chavez sortait de prison suite à son coup d'État raté. Puis vient l'explication détaillée et soporifique d'un sondage montrant que Maduro gagnerait haut la main si des élections étaient tenues demain (note: comme vous le savez, il a effectivement gagné, et le pays vit un chaos économique, politique et social depuis lors). Quant aux nouvelles internationales, il n'est essentiellement question que des Malouines et d'une intervention d'un "expert" uruguayen qui avertit que le Royaume-Uni pourrait éventuellement se servir des îles pour attaquer l'Amérique du Sud et s'emparer de ses ressources.

Je veux bien croire que les médias n'abordent souvent l'actualité que sous un seul angle, il y a tout de même des limites.

Puis, on passe aux pubs. Voilà qui est intéressant, me dis-je, quelle entreprise peut bien avoir intérêt à financer ce qui m'apparait désormais comme de la propagande "révolutionnaire bolivarienne" qui ne sert que les intérêts du gouvernement vénézuélien? Réponse: aucune. Toutes les "publicités" émanent en fait clairement du gouvernement du Venezuela. L'une d'elle aborde les grandes réalisations et les vertus de "l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amériques", une organisation régionale "alternative et solidaire" mise en place par Chavez en 2005 et financée par les pétrodollars vénézuéliens. Puis, quelques images nous rappellent avec émotion que Chavez est certes mort, mais son héritage continue de vivre. Mais le plus surréaliste de tout, c'est ce dessin animé qui nous montre allégoriquement "l'ascension divine de Chavez au ciel". Dans ce court joyau d'animation, Chavez se rend au paradis pour y retrouver quelques-uns des grands disparus de la gauche sud-américaine. L'ex-président vénézuélien y retrouve donc, en plus de l'omniprésent Bolivar (le libérateur de l'Amérique du Sud), le Chilien Salvador Allende, Che Guevara, Evita Peron, etc. Ça vous parait trop intense pour être vrai? Jugez vous-même : https://www.youtube.com/watch?v=kLwE8ERGdQM 

Après ces grands moments d'émotion, de retour aux (dés)informations.

Conclusion: Telesur n'est ni CNN ni Al-Jazeera. C'est plutôt Fox News ou, plus près de nous, Sun News, c'est-à-dire une chaîne "d'information" en continu fortement biaisée, dont la crédibilité souffre atrocement d'un parti pris politique évident. Très décevant.

À bientôt!